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Mise à jour : 07/12/2009


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André Léo

(1824-1900)

Léodile Béra passe sa jeunesse à Champagné St Hilaire, commune de la Vienne et berceau familial de son père. Cet officier dans la marine, y possédant une propriété, décide de s'y établir avec sa famille en 1828. Il devient juge de paix. Léodile reçoit une bonne éducation. Avec un père aux idées larges, des amis républicains et francs-maçons, elle part sur les sentiers des mouvements socialistes et révolutionnaires.

En 1848, elle rencontre Grégoire Champseix, un militant socialiste. En raison de ses activités politiques, il doit s'exiler en Suisse. Au mois de décembre 1851, elle le rejoint et ils se marrient. En 1853, elle donne naissance à 2 jumeaux, André et Léo. En 1860, une amnistie permet au couple de revenir en France. Les Champseix s'installent à Paris et tissent un réseau d'amitié avec des socialistes de diverses tendances. On peut citer la fratrie Noémie, Elie et Elisée Reclus, avec qui, Léodile va partager les conceptions et convictions.

3 ans plus tard, Grégoire meurt. Léodile reçoit du soutien de la part de ses amis socialistes. Son 1er roman, Le divorce, est paru en feuilleton dans un journal, Le siècle. Léodile  décide de vivre de sa plume. Elle prend pour pseudonyme les prénoms de ses enfants et devient André Léo. Elle sort son second roman, Un mariage scandaleux, en livre. Il est bien accueilli par la critique. On la compare à Georges Sand. A travers ces 2 ouvrages, elle évoque la condition féminine.

A partir de 1867, ayant acquis une certaine notoriété, dans le monde socialiste, André Léo devient aussi journaliste. Elle va collaborer à de nombreux journaux : La Coopération (1867), Les Etats-Unis de l’Europe (1868), L’Opinion nationale (1868), La Démocratie (1869), L’Egalité (1869), Le Droit des Femmes (1869), Le Siècle (1869-1870). Ses premiers articles auraient été publiés dans La Revue Sociale de Pierre Leroux, ami de Grégoire Champseix, entre 1845 et 48.

En 1868, elle rencontre Benoît Malon, avec qui elle noue une relation d'amitié qui va se transformer en histoire d'amour. En juin, elle participe à la rédaction d'un manifeste féministe ainsi qu'aux premières réunions publiques sur le travail des femmes. Dans un un essai intitulé Communisme et Propriété, elle met en avant les dangers d'un communisme absolu et se prononce contre une abolition totale de la propriété privée, qui reviendrait à une négation de la liberté individuelle.

En janvier 1869, elle fonde avec d'autres femmes, (Louise Michel, Maria Deraismes, Noémie Reclus, etc ...), La ligue en faveur des Droits de la Femme. Un texte co-signé est publié dans Le Démocrate en avril. Elles y dénoncent les textes et les lois qui dénient le droit d'être aux femmes et appellent à se mobiliser en faveur de l'égalité des sexes. En juillet La ligue en faveur des Droits de la Femme devient La Société pour la revendication des Droits civils de la Femme

En cette même année, elle fait scandale en s'unissant librement à Benoît Malon, qui a dix-sept ans de moins qu'elle. Elle publie également 2 ouvrages féministes. L'un, La Femme et les moeurs. Liberté ou monarchie., est un essai. Elle y réfute les propos sexistes de Proudhon et plaide pour une vraie démocratie, égalitaire et non autoritaire. Le second, Aline-Ali est un roman dans lequel, elle dénonce la société patriarcale. Elle fustige les soi-disant partisans de la liberté qui deviennent despotes en rentrant chez eux. Un Etat où la femme est opprimée ne peut être qu’autoritaire. Au fond, là est le coeur du combat d'André Léo, société patriarcale, capitaliste et/ou monarchiste etc..., une société qui se fonde sur de l'inégalité ne peut qu'être injuste et despotique. L'ordre qui en résulte, n'est en réalité qu'un désordre. Sa seule raison d'être est la conservation des privilèges de ses tenants qui ne peuvent les maintenir que par un système répressif.

André Léo s'affilie au courant libertaire du socialisme, mais demeure une libre penseuse. Elle se rapproche de l'A.I.T., mais  critique l'autoritarisme de ses dirigeants et notamment de Marx. Elle collabore pendant 3 mois au journal suisse L'Egalité, dont Bakounine est l'un des instigateurs, mais se heurte à lui et à ses amis en prônant le chemin de la conciliation plutôt que celui de la violence. Elle met en garde, aussi, contre les dogmes qui  naissent des divers courants socialistes et révolutionnaires.

- « Chacun de ses groupes, serré autour de sa conception particulière, jette aux groupes voisins des regards de défi, des paroles d’insulte, et les traite en ennemis. 

Qu’ont fait ces criminels ?

Ils ne pensent pas tout à fait comme nous.

Est-ce une raison de soupçonner leur bonne foi et de les traiter avec mépris ? »

Jusqu'en août 1870, elle se consacre à la création d’une école primaire démocratique de filles. Ella a foi dans une éducation laïque pour l'émancipation de l'humanité. Elle veut proposer un enseignement qui rompt avec celui de l'orde établi, annonçant les méthodes actives

En juillet, elle participe aux manifestations hostiles à la guerre contre la Prusse. 

Le 04 septembre, elle est dans la rue, lorsque la République et proclamée. Elle s'occupe ensuite de l'aide aux déshérités, notamment envers les femmes. Pendant le siège de Paris, elle prend la parole dans les réunions publiques, défendant toujours la cause de la femme et de l'égalité sociale. Elle fonde, en février 1871, La République des travailleurs, un journal de propagande socialiste, avec Benoît Malon, Élie et Elisée Reclus.


La Junon de la Commune

André Léo est en province lorsqu'éclate l'insurrection parisienne du 18 mars. Elle revient à Paris début avril pour prendre part à la Commune.  Elle se dresse contre ses dérives autoritaires. Elle se bat pour le respect de la liberté d'expression et s'oppose à la suppression des journaux conservateurs : - « si nous agissons comme nos adversaires, comment le monde choisira-t-il entre eux et nous ? ». Elle va, d'autre part, jouer un rôle très important dans le journalisme. Elle collabore à La Commune et au Cri du peuple. Elle fonde avec Anna Jaclard le journal, La Sociale.  Le 03 mai, elle y lance un appel :  Aux travailleurs des champs : - « Frère, on te trompe. Nos intérêts sont les mêmes. Ce que je demande, tu le veux aussi, l'affranchissement que je réclame, c'est le tien. (...) La terre au paysan, l’outil à l’ouvrier, le travail pour tous. ». Elle continue aussi à se mobiliser sur le front de l'égalité des sexes et contre les préjugés, au sein même de la Commune. Elle dénonce le sexisme des officiers de la Garde nationale.

Article du 08 mai paru dans La Sociale :  La révolution sans la Femme : - « Savez vous, Général Dombrowski, comment s'est faite la révolution du 18 mars ? Par les femmes... Beaucoup de républicains,  je ne parle pas des vrais, ont détrôné l'Empereur et le bon Dieu que pour se mettre à sa place. Et naturellement dans cette intention, il leur faut des sujets, ou tout au moins des sujettes... Eh bien cette combinaison n'a pas de chances... La révolution... est la liberté et la responsabilité de toute créature humaine, sans autre limite que le droit commun, sans aucun privilège de race, ni de sexe (...) »

Dans un article du 15 mai, elle accuse le Comité central de s'être posé en rival du pouvoir élu et d'avoir semé le désordre dans les rangs de la Garde nationale.

Elle participe à l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins des blessés et fait partie de la Commission instituée pour organiser et surveiller l'enseignement dans les écoles de filles.

A la fin de la Commune, elle réussit à échapper aux Versaillais et retourne en Suisse pour se réfugier.

André Léo est invitée par la Ligue de la Paix et de la Liberté au Congrès pour la paix qui a lieu à Lausanne, en septembre 1871, pour y tenir un discours. Ce serait le premier témoignage sur la Commune, émis par un(e) de ses protagonistes. La seule parole autorisée a été, jusque là, celle du gouvernement Thiers et de ses amis conservateurs. Mensonges et calomnies ont pu être déversées sur la Commune sans aucun débat contradictoire. André Léo veut faire savoir comment, au contraire, c'est le gouvernement de Versailles qui s'est fourvoyé dans une répression effroyable pour abattre la Commune. Elle entend : - « dénoncer les horreurs commises et demander aux hommes qui se posaient en philosophes et législateurs, de mettre au ban de l’humanité, les immondes égorgeurs et calomniateurs de Versailles. ». Au delà, elle réclame au Congrès, une condamnation ferme et sans ambiguité de la guerre civile. 

« II est une autre guerre, à laquelle vous n'aviez pas songé, et qui dépasse l'autre de beaucoup en ravages et en frénésie. Je parle de la guerre civile. »

Cette guerre n'est en réalité que l'ultime étape de La guerre sociale (titre de son discours), menée par les tenants d'un régime contre son peuple. L'unique dessein, n'est que de les maintenir au pouvoir et dans leurs privilèges. Elle énonce encore une fois que le principe de l'égalité ne peut être dissocier de celui de la liberté si l'on veut construire une véritable république, juste et démocratique. 

Après une interruption, provoquée par une partie de l'assemblée, le silence revient. Elle reprend son discours, mais le président du Congrès l'interrompt et lui interdit définitivement de continuer.

André Léo  :
Extraits de :  La Guerre Sociale.

   « Combien y a-t-il d'esprits indépendants qui se soient dit : Quand les vainqueurs ont seuls la parole, quand les vaincus ne peuvent rien alléguer, ni rien démentir, il est de justice et de sens commun de suspendre son jugement? »

   « (...) il n'y a en réalité que deux partis en ce monde: celui de la lumière et de la paix par la liberté et l'égalité;  celui du privilège par la guerre et par l'ignorance. Il n'y a pas, il ne peut pas y avoir de parti intermédiaire; j'entends de parti sérieux. »

   « Ne voit-on pas que toute monarchie, ou toute aristocratie, autrement dit tout privilège, est par nature obligé de mentir, d'être fourbe, parce qu'il est en désaccord avec la justice ? »

  « Le trône n’est autre chose qu’une barricade à l’usage des aristocraties. Il occupe l’ennemi, reçoit les coups, et quand au bout de quinze ou vingt ans, il est emporté, elles en sont quittes pour déclarer qu’il ne valait rien, faire des proclamations aux vainqueurs, et travailler immédiatement à en rebâtir un autre.  »

  « Et vous ajouterez à votre titre, cet autre dogme révolutionnaire, l’égalité, que vous négligez à tort; car la liberté ne peut exister sans elle, pas plus qu’elle ne peut exister sans la liberté. »

Pour André Léo, les gouvernements même si ils se prétendent républicains ne sont en fait « (...) que des joueurs à la bourse de l'imbécillité publique, qui haussent ou baissent avec elle; (...) » (La Guerre sociale).

Lors de son séjour en Suisse, elle continue à écrire et à collaborer à des journaux ( Le réveil interieur  de Jules Guesdes et La révolution sociale). Elle rejoint à nouveau les bakouninistes et milite à la Fédération jurassienne. Si la pensée d'André Léo a évolué suite aux événements de la Commune, elle demeure toujours cet esprit libre et éclairé. Elle continue à combattre le dogmatisme au sein du socialisme et à prôner la conciliation entre les différents courants.

En 1873, elle fonde le Socialisme progressif.

En 1874, elle publie un conte, La Commune de Malenpis, qui n'est pas sans évoquer la Commune de Paris. Elle raconte le parcours d'une ville, qui d'abord libre et autonome, avec des citoyens égaux et gérée par la démocratie directe, abandonne sa souveraineté à celle d'un royaume. La population se retrouve bientôt spoliée puis réprimée. L'harmonie, qui régnait, disparait au détriment de maux que la cité ne connaissait pas. Elle finit par se révolter et retrouve son ancien statut, tirant des leçons de ce qui s'est passé.

De 1872 à 78, André Léo vit avec Benoit Malon. Elle le laisse ensuite s'envoler, restant fidèle à son idéal : - « l'amour vrai n'existe que dans la liberté. ». Il lui rend hommage, dans son ouvrage, Défaite du Prolétariat français (1871). Après l'amnistie, elle rentre à Paris et collabore avec des journaux d'extrême-gauche et continue à écrire des livres. Dans les années qui suivent, elle vit le drâme de la perte de ses enfants successivement à 8 ans d'intervalle. Léo meurt à 32 ans en 1885 et André à 40 en 1893.

A sa mort, elle lègue, par voie testamentaire, une petite somme pour que soit tentée une expérience collectiviste

Elle laisse derrière elle une grande quantité d'écrits, des essais, une trentaine de romans et des contes, imprégnés de ses idéaux. 

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Est-ce la liberté qui doit prévaloir, ou l’égalité? Antagonisme apparent de deux principes qui, à l’heure qu’il est, partagent la démocratie et jettent la discorde dans ses assemblées, bien qu’ils composent au même titre sa devise, et que leur accord seul puisse donner au monde la justice. (Communisme et propriété 1868)

Il s’agit à mes yeux, vous le voyez, de s’entendre bien plus que de se haïr, de s’éclairer bien plus que de se vaincre.   (Lettre d'André Léo au Journal L'Egalité 1869)


Dmitrieff
Elisabeth Dmitrieff

(1851-1910 ou 1918)

Née en Russie, Elisabeth Dmitrieff est la fille illégitime d'une infirmière d'origine allemande et d'un propriétaire terrien russe. Il refuse de la reconnaître mais lui laisse un héritage conséquent. Elle reçoit une bonne éducation et poursuit ses études à Saint Petersbourg. Avec sa mère, ses frères et ses soeurs, elle a l'habitude de discuter politique durant les longues soirées d'hiver. Vers la fin des années 60, elle se met à militer dans les cercles révolutionnaires et socialistes.

En 1869, Elisabeth contracte un mariage blanc avec le colonel Tomanovski pour pouvoir aller à l'étranger. Elle part ensuite à Genève. Elle est déjà multi-linguiste parlant, outre le russe, l'allemand, l'anglais et le français. Elle possède une grosse somme d'argent. Genève est, à cette époque, un lieu d'exil pour de nombreux réfugiés politiques (y a-t'elle été pour cette raison ?). Il y a notamment une grande communauté de révolutionnaires russes, élargie selon les filiations, qui est très impliquée dans l'Internationale. On peut citer Bakounine ou Anna Jaclard. Cette communauté est également traversée par un fort courant féministe. Elle rejoint le camp de Nicolas Outine, en conflit avec Bakounine, et s'engage dans la section russe de l'Association Internationale des travailleurs, qu'il a fondée, ainsi que dans la section des dames, chargée des travailleuses.

Fin juin 1870, Elisabeth s'installe à Londres, où elle se lie d'amitié avec Karl Marx et sa fille Jenny. Elle prend part à plusieurs réunions publiques de l'A.I.T. et même à certaines de son Conseil général.

Suite à la proclamation de la Commune de Paris, le 26 mars1871, Elisabeth Dmitrieff, qui n'a encore que 20 ans, est envoyée dans la capitale française par Karl marx pour couvrir l'événement.

Une fois sur place, elle prend une part active dans le mouvement communal. Elle porte, en elle, le désir de syndiquer les travailleuses. Elle fonde avec d'autres femmes et notamment Nathalie Lemel, avec qui elle en sera la principale animatrice, l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins des blessés. Membre du Comité central de cette Union, elle s'occupe surtout de questions politiques et se démène particulièrement pour la mise en place et l'organisation d'ateliers coopératifs. De ce fait, elle rentre en relation avec Fränkel, membre de la Commission du Travail, de l'Industrie et de l'Echange. Elle se lie d'amitié avec lui , en qui elle trouve un allié, notamment pour que ce projet commence à prendre forme. Ces ateliers sont d'abord rattachés au secteur de la couture, offrant un travail à domicile à de nombreuses femmes au chômage, qui mises en association, peuvent vendre directement le produit de leur travail, sans intermédiaire.

Durant la semaine sanglante, Elisabeth prend part aux combats de rue. Nul ne sait comment, mais elle réussit à échapper aux versaillais et on pense qu'elle retourne à Genève. On retrouve sa trace en Russie, au mois d'octobre. Elle épouse un russe et le suit en Sibérie où il est déporté en raison d'escroqueries diverses, qu'il a commises. 

Le 26 octobre 1872, en France, le Conseil de guerre prononce contre elle une condamnation à la déportation par contumace, en raison de son implication dans la Commune de Paris.

Qu'a t'elle fait de sa vie par la suite ? Mystère, il semblerait qu'elle ait abandonné la politique. Même la date de sa mort reste incertaine.


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Victorine Rouchy-Brocher

(1838-1921)

Victorine Malenfant naît à Paris dans une famille de tradition révolutionnaire. Son père est un cordonnier franc-maçon et républicain. En 1851, il est contraint de s'exiler en Belgique. 

Victorine commence à fréquenter les milieux révolutionnaires et socialistes dans les années 1850. En 1861, elle se marie avec Jean Rouchy, un artisan cordonnier. En sa compagnie, elle milite dans divers groupes socialistes à Orléans, où le couple habite un temps, puis à Paris. Avec Jean, elle s'engage également dans la Première Internationale.

Victorine s’oppose, au courant proudhonien du socialisme, qui considère que le travail des femmes est contre nature. Elle défend au contraire l'idée d'un emploi pour toutes les femmes, qui leur garantirait leur indépendance. Elle est cependant horrifiée par les conditions de travail misérables des ouvrières. Ainsi, quand Victorine revient dans la capitale, elle se retrouve ouvrière piqueuse de bottines. Elle dénonce alors la situation de ces ouvrières, qui vivent un véritable esclavage dans des ateliers sans air, sans lumière, dans des positions toujours inconfortables, et travaillant jusqu'à 14 heures par jour pour ne gagner que des miettes : 

- « Un écrivain a dit : Paris est le paradis des femmes et l’enfer des chevaux. Moi, je dis : Paris est le paradis des demi-mondaines et des chevaux de luxe, l’enfer des honnêtes travailleuses et des chevaux de fiacre. Tous les deux entrevoient la mort comme une heureuse délivrance. Voilà leur idéal ! ».

Avec Louise michel, André Léo, Paule Mink, Marguerite Tinayre, etc ...., elle s’inscrit dans le courant de pensée qui réclame une réelle instruction libre et laïque dans les milieux populaires et qui pose en suspend l'éducation et le travail des femmes. En 1867, elle participe à la création d'une boulangerie et d'un magasin coopératifs.

Durant la guerre entre la France et la Prusse, alors que son mari rejoint les francs tireurs de la Loire, elle  s’engage comme ambulancière. Elle vit avec sa mère, qui l'aide à élever ses 2 enfants et celui d'une voisine qu'elle a recueulli. Ces trois enfants meurent, les uns après les autres, à peu de temps d'intervalle.

Pendant la période de la Commune de Paris, elle se montre très active. Elle est d'abord cantinière d'un bataillon, puis redevient ambulancière dès que les combats commencent. Lors de la semaine sanlante, elle se bat sur les barricades. Arrêtée, elle est condamnée à mort, accusée de l'incendie de la Cour des Comptes. Cependant, elle parvient à fuir, grâce à des amis, et se réfugie en Suisse, puis elle part enseigner en Hongrie. Elle retourne, à la libération de son mari, à Genève et elle fonde une coopérative de la chaussure pour venir en aide aux proscrits de la Commune. Elle adhère à la fédération jurassienne de Bakounine et se lie avec des anarchistes Lyonnais.

Après l'amnistie, elle rentre à Paris où elle continue à fréquenter les milieux anarchistes (Malatesta sera arrêté en sa compagnie en 1880). En 1881, elle assiste en tant que déléguée à une conférence internationale anarchiste, qui se tient à Londres. Elle y rencontre Gustave Brocher, un militant issue d'une famille fourrieriste, devenu très actif dans le mouvement libertaire londonien. Ils se marrient en 1887, Jean Rouchy est mort depuis quelques années, et adoptent 5 enfants orphelins de la Commune. En outre, leur maison sert de refuge à de nombreux exilés. En 1890, elle est institutrice à Londres, dans une école libre mise en place par Louise Michel. En 1891, elle retourne avec son mari à Lausanne où celui-ci fonde une école. Elle meurt à Lausanne en 1921.

Outre sa collaboration à de nombreux journaux anarchistes, elle publiera ses mémoires en 1909 : Souvenirs d'une morte vivante, qui remonte à l'année 1871. 


D'autres Femmes de la Commune

Sophie Poirier (1830-1879)

Durant le siège de Paris, Sophie Poirier (Née Doctrinal), participe avec d'autres femmes,  Madame Blin, Béatrix Excoffon, Aglaé Jarry et Louise Michel, à la création du Comité de Vigilance du XVIIIe arrondissement. Elle en devient la présidente. Elle obtient de Clémenceau, maire du XVIIIe, des locaux, dans lesquels, elle met en place un atelier de confection (?) coopératif pour des ouvrières. Elle préside également un club, la Boule noire.

Durant la Commune de Paris, elle milite pour les droits de la femme, propose la création d'écoles professionnelles féminines et se bat pour la suppression de la prostitution. Le 21 avril, elle signe avec André Léo et Anna Jaclard l'appel des citoyennes de Montmartre. Elle est également ambulancière. Arrêtée par les Versaillais. Elle est condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée. Il est prononcé à son encontre, qu'elle avait eu «  une déplorable influence sur cette partie de la population féminine de Paris, qui s'est trouvée plus tard disposée à prêter son concours incendiaire. »


Marie Chiffon  (1835-?)

Marie naît Gaboriaud en Vendée. Elle se marie avec un  ancien sous-officier qui devient capitaine de la Garde nationale.  Elle s'occupe des soins aux blessés sous la commune et participe activement aux combats. Des rapports de versailles mentionnent qu'on la surnomme « la capitaine » et que « ceinte d'une écharpe rouge et d'un revolver », elle encourage les fédérés à se battre durant la Semaine sanglante.

Lors de son procès pour son engagement dans la Commune, elle lance à ses juges : 

- « Je vous défie de me condamner à mort, vous êtes trop lâches pour me tuer ».

Félix Pyat la décrit comme une Louise Michel inconnue, plus peuple et non lettrée.


Elodie Richoux  (1826-?)

Louise Michel, qui a connu  cette restauratrice raconte :  

« La barricade de la Place Saint Sulpice était si peu haute qu’elle servait plutôt contre que pour les combattants ; elle, avec son calme de femme bien élevée, prise de pitié, s’en alla tout simplement hausser et faire hausser la barricade avec tout ce qui se pouvait ; une boutique de statues pour les églises était ouverte, je ne sais pourquoi ; elle fit porter, en guise de pavés qui manquaient, les saints d’assez de poids ; pour cela on l’avait arrêtée, très bien vêtue, gantée, prête à sortir de chez elle ; elle sortit en effet pour ne rentrer qu’après l’amnistie.

- C’est vous qui avez fait porter sur la barricade les statues des saints ?
- Mais certainement, dit-elle, les statues étaient de pierre et ceux qui mouraient étaient de chair. »

Condamnée pour le fait à la déportation dans une enceinte fortifiée, sa santé était si chancelante qu’on ne put l’embarquer. »


manif de femmes

D'une manière générale, ce que l'on peut constater au regard de toutes ces femmes évoquées ci-dessus, et plus loin encore en remontant à Olympe de Gouges, c'est que outre leur courage, leur dévouement et leur intégrité, qualités que l'on retrouve aussi chez les hommes sincèrement révolutionnaires du XIXe siècle, elles font preuve d'un degré de conscience, d'une clairvoyance et d'une indépendance d'esprit, qui semblent, là pour le coup, plus développés que chez la plupart de leurs collègues masculins. Elles font partie des esprits les plus éclairés de leur époque.

Si elles sont toutes affiliées au mouvement socialiste, et certaines à des courants plus spécifiques, elles n'en restent pas moins toujours des libres penseuses et se gardent bien de tout dogmatisme. Elles en condamnent même les méfaits au sein du mouvement révolutionnaire, qui voit nombre de leurs congénères masculins s'affronter continuellement dans des querelles partisanes. 

Si elles n'intègrent pas les instances de décisions, elles mettent en pratique des conceptions socialistes dans les faits. Elles s'auto-organisent en association. Elles mettent en place de nombreuses coopératives. Beaucoup d'entre elles étant dans l'enseignement, elles montent des écoles libres et laïques pour les filles et mettent en place de nouvelles pédagogies alternatives. Elles se montrent parmi les plus actives au sein des Comités de quartiers. Quand il faut agir, elles sont là. Enfin elles n'ont de cesse de prendre part aux débats et s'avèrent souvent porteuses des idées les plus avancées. En un mot, quelles que soient leur positions politiques, elles sont parmi ceux qui incarnent au mieux l'esprit libertaire, l'anarchisme.

Après la Commune, elles sont nombreuses à être déportées ou condamnées à l'exil. Pourtant, la plupart ne désarme pas. Où qu'elles soient, elles continuent à militer et quand à la faveur de l'amnistie de 1880, elles reviennent en France, on les retrouve à nouveau, infatigables, sur les terrains de la lutte sociale et féministe.

Si toutes ces femmes nous donnent non seulement une belle leçon d'humanité, nous montrent ce que peut signifier le mot de conviction ou encore le terme même de politique, bien au delà elles nous proposent des réflexions, des idées et des comportements à adopter, sur lesquels on serait bien inspiré de se pencher pour notre propre avenir.

Ces pages sont dédiées à la mémoire de toutes les femmes anonymes ou oubliées de la Commune.



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Index
Grandes Femmes :

































La Guerre sociale
(Congrès pour la paix
Lausanne 1871)

(Fichier PDF)

Trouvé ici










Bibliographie
André Léo

 - Une vieille fille
(1851)

- Un divorce
(1862)

- Un mariage scandaleux
(1862)

- Les deux filles de M.Plichon
(1865)
 
- L’idéal au village
(1867)

- Légendes corréziennes
(1867)

- Aline - Ali
(1869)

- La Femme et les Mœurs
(1869)

- La commune de Malenpis
(1874)

- La grande illusion
des petits bourgeois
(1876)

- Marianne
(1877)

- L’Epousée du bandit
(1880)
 
- L’Enfant des Rudère
(1881)
 
- Les enfants de France
(1890)

- La justice des choses
(1891/1893)

- Le petit moi
(1892)

-En chemin de fer
(1898)

- Coupons le câble
(1899)

- La Famille Audroit
et l’éducation nouvelle
(1899)

- Attendre-espérer
(1868)

Œuvres non datées :

- L’institutrice

- Marie la Lorraine

- Les drames du cerveau

- Soeur Sainte Rose

- Communisme et propriété

- Le Père Brafort



















































































































Ouvrage de
Victorine Brocher

Souvenirs d’une
morte vivante
(1909)


































Portraits de femmes
de la Commune de Paris







Les femmes dans
la Commune de Paris 1


Les femmes dans
la Commune de Paris 2