1.
22H37 : Je m’appelle Boléro
Darvel. Deux heures, que
je suis réveillé. Une douche, un
petit-déjeuner : deux
croissants, un café. Je suis prêt pour une
nouvelle nuit. Mes clefs, le
fly, j’ai bien tout ? Ouais c’est bon. On
est reparti pour un
pt’it tour de piste.
2.
2H45 : Deux heures que j’tourne autour de
cet
endroit. Chuis pas l’seul. On va par ici, on va par
là, on s’arrête, on
échange les infos.
-
«C’est où ?»
- «Non
j’viens de là bas, y a rien.»
Ils se sont bien planqués ce coup-ci.
Ah ! Enfin, ça y
est, j’y suis.
3.
4H38 : Je monte, c’est bon.
C’est fort.
Wahou ! Ce son, ces lumières, c’est
Broadway dans une forêt.
Nous sommes des Androïdes, des robots après tout.
On monte, on descend,
c’est le grand Huit, les montagnes Russes, le grand vertige.
Un break,
wahou ! Et on repart vers une nouvelle ascension,
Boum ! Boum ! Boum ! Boum ! Encore
plus haut, Boum ! Boum ! Boum !
Boum ! Encore plus fort. Je croise Alice
au pays des merveilles.
4.
6H31 : Le jour se lève. La
journée
s’annonce radieuse. Quel décor !!!
Après un pt’it moment de
répit pour accompagner tranquilou l’apparition du
Dieu Soleil, on
repart. Plus fort, Hardcore, la grande décharge finale. Les
belles
lumières de la nuit s’estompent dans la
clarté de l’aurore. Place aux
Zombies, les yeux hors des orbites. Je suis à donf. Plus
rien n’a
d’importance. Je me jette à corps perdu pour la
transe finale, l’ultime
feu d’artifice dans une explosion de sons.
5.
9H59 : La Jungle se
déchaîne. Certains
s’effondrent. Y en a qui ont dû encore prendre
chèr cette nuit. C’est
sûr. Moi j’repars, j’en veux encore, le
son me guide hors du monde.
J’irai jusqu’au bout du voyage. Rien ne pourra plus
m’arrêter, je suis
déjà loin, tellement loin…..
Il n’y a plus de barrières
espace-temps.
6.
14H13 : J’ai refait l’plein de
vitamines avant de
retoucher Terre. Ça ne peut pas continuer sans moi. Je
remonte, monte,
monte vers le firmament de la piste aux étoiles.
J’ai froid,
j’ai peur, j’ai chaud. Extase, le bonheur, le train
fantôme.
Ah ! Alice, le pays des Merveilles. Les arbres dansent. Des
lutins par milliers se répandent dans la forêt. La
Jungle s’affole.
Trance, Hardcore, je m’envole, je m’envole, je
vole……
7.
20H50 : Le son qui claque, le cœur qui
claque,
crise cardiaque, c’était mon dernier voyage.

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Les Anges :
-Va,
vit, vole pour que le jour se lève
-Monte vers le ciel à tire
d'aile
-Jusqu'au coeur de la nuit
-Touche la de ta
main et danse entre ciel et terre
08/08/2009
Amadou
12/01/2025
Il était 3 heures du matin et Amadou
n’arrivait
pas à dormir. Il avait froid, très froid.
Couché sur un matelas, posé sur deux palettes de
bois, une légère couverture recouvrait son corps.
Il grelottait tout en pensant aux siens restés au pays.
Cela faisait six mois maintenant
qu’Amadou avait
quitté son petit village Malinké de Sitakilly
près de la frontière guinéenne, au
Mali. Comme il était l’aîné
d’une grande famille il avait tout naturellement
été désigné pour le grand
voyage. Sa mission : rejoindre l’Europe puis la
France de préférence, afin d’y
travailler et envoyer de l’argent à sa famille.
Amadou, grand et costaud, se sentait tout
à fait apte
à remplir son devoir. Il en connaissait les dangers, mais il
fallait le faire. C’était dans l’ordre
des choses. À cette époque, pour beaucoup de
familles en Afrique, c’était l’unique
chance de survie. C’est ainsi qu’Amadou avait fini
par se retrouver dans cette petite pièce d’un
immeuble délabré de la rue Myhra, Paris 18e.
Un grand fracas retentit. La vieille porte en bois
s’était effondrée. Un tourbillon de
neige envahit la pièce. Les petites fenêtres,
à leur tour, s’ouvrirent avec violence et se
brisèrent. En un instant, l’endroit,
déjà froid et humide, fut rempli de poudre
blanche. Amadou bondit hors de son lit et enfila sa djellaba. Il
était frigorifié. Rapidement, il rampa
vers le porche d’entrée, réussit
à glisser dessous et à s’extirper de ce
piège. L’espace d’un instant, il eut
bien cru mourir étouffé par cette
beauté blanche déchaînée. Il
pouvait dire adieu à son abri de fortune, si bien
caché, qu’il avait appris à aimer.
Une fois dehors, la tempête se calmait.
Il ne savait pas
où aller. Il avait peur. Les milices
néo-républicaines patrouillaient. Elles pouvaient
le contrôler et l’emprisonner. Mais ce
qu’il craignait par-dessus tout, c’était
l’expulsion qui suivait, condamnant sa famille à
une mort certaine.
Il erra un long moment au milieu de nulle part,
tournant à
droite, à gauche, sans croiser personne. Les rues
n’avaient jamais été aussi
désertes. Au fur et à mesure, il se sentait plus
rassuré, mais restait toujours aux aguets. En longeant une
palissade, il aperçut un panneau
« chantier interdit au public ».
Amadou pensa qu’au moins, là, il pourrait se
cacher. Il passa sous une planche qui en barrait
l’accès. Mais à peine eut-il mis un
pied de l’autre côté, qu’il
tomba, tomba, et tomba, pour finalement se poser
délicatement sur un grand matelas douillet.
C’est là qu’elle apparut.
- « Bonjour Amadou »
- « Bon-bonjour, mais que – quoi !... Qui êtes-vous ?
Une petite créature lumineuse se tenait
devant lui. Elle
avait des ailes et virevoltait au dessus de lui.
- « Je suis la fée Clochette.
Ça fait bien longtemps que je t’observe. Vous
êtes nombreux dans ton cas, mais je ne sais pourquoi, je me
suis plus particulièrement intéressée
à toi. »
Amadou se frotta les yeux.
Rêvait-il ?
Qu’est ce que… ? Une fée,
noire de peau comme lui, habillée d’un petit
ensemble jaune, comme dans les contes pour enfants.
- « Mais, mais c’est impossible, je rêve. Les fées, ça n’existe pas. »
- « Et si mon
bon Amadou. Cependant, seuls les gens
à l’âme pure peuvent les rencontrer. Ce
qui est ton cas. Il n’y a aucun brin de
méchanceté dans ton cœur. Tu ne le sais
pas, mais tu es un guide pour tes frères et sœurs
humains, qui pour la plupart sont englués dans leur
égoïsme. »
- « Quoi ?... Mais qu’est-ce que
ça veut dire ?...
Comment un pauvre bougre comme moi, un moins que rien, transi,
apeuré, sans un sou, n’arrivant même pas
à envoyer quoi que ce soit à sa famille,
pourrait-il guider qui que soit ? »
- « Tu
n’es sûrement pas un
moins que rien, mais plutôt un plus que
tout. »
La fée disparut. Amadou se releva en se
demandant s'il
n’avait pas rêvé. Il vit une
porte et l’ouvra tout naturellement. Il se retrouva
à l’extérieur. Plus de
tempête. Le jour se levait et, semblait-il, sur un soleil
radieux…
Amadou marchait dans la rue. Quand il
croisait des gens,
ceux-ci lui souriaient. Quelque chose de magique
s’était passé. Cette fois il savait
où aller, au 13 rue Jacques Prévert. Un bel
appartement l’attendait.
Amadou se mit alors à repenser
à ce
jour : Il devait avoir 10 ans. Un vieil Indien Navajo
était venu dans son village et lui avait adressé
ces quelques mots :
- « Jeune
Amadou, c’est toi, que je viens
voir. J’ai vu dans les fumées sacrées,
loin là- bas, dans mon pays, que tu
étais
l’élément mâle dont
l’espèce humaine a besoin pour tendre vers
l’équilibre. Tu vas passer des phases bien
difficiles. Un jour, tu feras une rencontre mystérieuse. Tu
passeras du froid au chaud. Alors il sera temps pour toi de partir
retrouver ton élément femelle
complémentaire. De
votre union dépendra le salut de
l’Humanité. »
Amadou ressentit une émotion intense
intérieurement. Il la devinait. Il savait qu’en ce
moment même, elle aussi se dirigeait vers
l’appartement du 13 rue Jacques Prévert.
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