Porte ENTREE AnarkaiA Point of view Index Commune Mise à jour : 24/09/2007
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Annexe 2

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(1864-1876)


« l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. »


     Avec l'essor de l'industrie durant le XIXe siècle, une classe ouvrière misérable se développe en masse. Peu à peu, au travers des luttes, elle prend conscience d'elle-même, de sa force puis de l'universalité de sa condition. Par son statut, elle semble revétir un rôle historique, celui de conduire au dépassement du capitalisme et par la suite à l'émancipation universelle de tous les Hommes. Cela constituerait l'ultime étape de la république, à savoir l'avènement d'une société sans classes et sans état à l'échelle mondiale. Ainsi émerge l'idée de créer une association internationale des travailleurs pour les unir dans un combat commun.

    Les premières tentatives sont éphémères. L' Association démocratique, qui voit le jour à Bruxelles en 1845 avec Marx comme vice-président ne dure que 3 ans. L'International association fondée à Londres en 1856 périclite aussi au bout de 3 ans, en raison des conflits entre proudhoniens et anarchistes radicaux.

     Dans les années 1860, l'Angleterre est le grand refuge des proscrits politiques de l'Europe. C'est aussi le pays des trade-unions, premiers syndicats disposant d'une force véritable, lui octroyant un rôle d'avant garde du mouvement ouvrier.

   Le 22 juillet 1863, les dirigeants des trade unions organisent un meeting en faveur de l'indépendance de la Pologne. Six délégués ouvriers français y participent. Les bases d'une association sont jetées.

Création de l'Association Internationale des Travailleurs

    Le 29 septembre 1864, au cours d'un meeting au Saint Martin's Hall de Londres, en marge de l'exposition universelle de Londres, l'Association Internationale des Travailleurs, plus connue sous le nom de première Internationale est fondée.

     Un comité provisoire de 50 membres (21 anglais, 10 allemands, 9 français, 6 italiens, 2 polonais et 2 suisses) est élu. Il élabore les statuts de l'A.I.T.. Karl Marx qui serait à l'origine du projet, les rédige. Ils stipulent que l'A.I.T. est créée afin d'oeuvrer à l'émancipation définitive des travailleurs et à l'abolition de toute domination de classe. Elle doit être un point central de communication et de coopération entre les sociétés ouvrières des différents pays, aspirant au même but, tout en respectant la spécificité de chacun. Des réunions annuelles devront se tenir et une liaison sera faite entre les groupes nationaux. Un manifeste inaugural accompagne les statuts, dans lequel, il est dressé un bilan de la condition ouvrière et de ses luttes.

     L’AIT revendique également, dans un premier temps le suffrage universel, la réduction du temps de travail, l'abolition du travail des enfants.

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    Entre 1864 et 67, des sections de l'Internationale naissent en France, en Belgique, en Espagne, en Suisse et en Autriche, mais leur nombre reste restreint.

   L'Internationale est, à ce moment, impégnée des idées mutuellistes de Proudhon. Un affrontement idéologique prend corps entre les collectivistes anglais et allemands et les mutuellistes suisses et français, notamment lors du second congrès qui a lieu à Lausanne du 2 au 8 septembre 1867. Les seconds sont alors majoritaires. On y vote, malgré tout, la motion finale :  « l'émancipation sociale des travailleurs est inséparable de leur émancipation politique ».

    En France, une crise économique en 1867 entraîne de nombreuses grèves et des heurts sanglants avec l'armée et la police. Le gouvernement met alors en accusation l'Internationale. Un procès a lieu contre le comité directeur français à la fin de l'année. S'ensuit une répression à l'égard de ses membres, mais cela ne va provoquer qu'une multiplication des adhésions. Des sections se créaient également dans de nouveaux pays (Danemark, Hollande, États-Unis etc...). On comptera 100 000 adhérents en 1868.

     Cette expansion va se traduire par une évolution idéologique. Au congrès de Bruxelles (6-13 septembre 1868), le courant mutuelliste français tend à disparaître au détriment d'un anarchisme collectiviste et anti-autoritaire, sous l'égide d'un ouvrier relieur Varlin. Si l'idée de coopérative subsiste, c'est pour en faire la base d'une société socialiste. On déclare ensuite que la grève, moyen auquel est opposé Proudhon, est une arme légitime. On parle même de collectivisation des sols, des mines et des moyens de transports. Ces options se confirment, l'année suivante à Bâle (5-12 septembre 1869). Il est  également décidé à l'unanimité que les ouvriers s'organisent dans des sociétés de résistances, les syndicats.

    L'Alliance Internationale de la Démocratie Socialiste, organisée par Bakounine, adhère cette même année à l'A.I.T. et s'auto dissout pour se fondre dans l'Internationale.  Son influence va se répandre en Espagne, en Italie, mais aussi dans le sud de la France. A Bâle les votes concrétisent sa suprématie (63 % des délégués de l'A.I.T. se regroupent autour des idées collectivistes dites anti-autoritaires, 31 % se rangent derrière les collectivistes dits marxistes, 6 % maintiennent leurs convictions mutuellistes.)

    Bientôt, Marx et bakounine entrent en opposition. Bakounine, reproche à Marx son goût de la discipline et son autoritarisme, Marx reproche à Bakounine son sentimentalisme et la faiblesse de ses théories. Le premier défend une position anti-étatique et fédéraliste, le second préconise le centralisme, le parlementarisme et l'action politique au sein d'un parti, comme moyen de lutte.

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Bakounine                                                                Marx

     Face à la guerre qui s'annonce entre la France et la Prusse en 1870, le conseil général de l'Internationale à Londres, publie un manifeste, qui se termine par cette phrase « La classe ouvrière anglaise tend une main fraternelle aux travailleurs français et allemands. Elle est intimement convaincue que quelques puissent être les résultats de cette horrible guerre, l'alliance des classes ouvrières de tous les pays finira par tuer la guerre ». Le 12 juillet, la fédération des sections parisiennes écrit : « La guerre, pour une question de prépondérance ou de dynastie, ne peut être, aux yeux des travailleurs qu'une criminelle absurdité ».

     Ces appels à la fraternité n'empêcheront pas le déclenchement des hostilités le 19 juillet. Dès lors, un élan patriotique, prend le dessus en France. Le 5e congrès de l'A.I.T. qui, devait avoir lieu à Paris, en septembre est annulé. 

    A la fin de la guerre, en dépit du très grand nombre d'adhérents, qu'elle affiche, et même si l'influence des internationaux français n'a jamais été aussi forte sur le mouvement révolutionnaire, l'Internationale se retrouve dans une très grande désorganisation.

      En avril 1870, lors de son congrès régional, la fédération romande (suisse), à laquelle appartient Bakounine, s'est scindée en 2 groupes quant à l'attitude à adopter face aux gouvernements et aux partis politiques.

     Les bakouninistes, qui vont prendre le nom de Jurassiens, disent que :

     - « toute participation de la classe ouvrière à la politique bourgeoise gouvernementale ne peut avoir d'autre résultat que la consolidation de l'ordre des choses existant, ce qui paralyserait l'action révolutionnaire socialiste du prolétariat. Le congrès romand commande à toutes les sections de l'A.I.T. de renoncer à toute action ayant pour but d'opérer la transformation sociale au moyen des réformes politiques nationales, et de porter toute leur activité sur la constitution fédérative de corps de métiers, seul moyen d'assurer le succès de la révolution sociale. Cette fédération est la véritable représentation du travail, qui doit avoir lieu absolument en dehors des gouvernements politiques. »

      Les Marxistes soutiennent que :

     - « l'abstention politique est funeste par ses conséquences pour notre œuvre commune. Quand nous professons l'intervention politique et les candidatures ouvrières, nous voulons seulement nous servir de cette représentation comme d'un moyen d'agitation qui ne doit pas être négligé dans notre tactique. Nous croyons qu'individuellement chaque membre doit intervenir, autant que faire ce peut, dans la politique. »

    Par la suite, alors qu'on sent l'insurrection venir à Paris, les deux courants sont encore en désaccord. Tandis que Marx pense qu'il y a danger à la déclencher prématurément et dispense des conseils de modérations, Bakounine prône la révolution sociale. Les Internationaux parisiens tentent quant à eux, de mettre en place les bases d'un grand parti ouvrier, à travers les comités, qu'ils animent. L'insurrection communale 18 mars survient avant, que ce projet se concrétise.

     Sous la Commune, il y aura quelques échanges de courriers entre Marx et des internationaux parisiens, mais aussi oralement via un commerçant allemand, voyageant toute l'année pour ses affaires, entre Paris et Londres. Il envoie des mises en garde, des avertissements et des conseils, en fonction d'informations qu'il a sur le déroulement des évènements. Il écrit quelques articles de presse favorables aux parisiens. Les Internationaux parisiens participent quant à eux, activement au projet communal. Beaucoup vont y trouver la mort, où seront déportés. Certains réussiront à s'exiler.

      Au lendemain de la Commune, l'Internationale est mise hors la loi, en France, en Espagne; ses militants sont poursuivis en Allemagne et au Danemark. De plus elle perd des cadres très valeureux, tel Varlin. La scission des sections romandes déborde bientôt de la Suisse. Les Jurassiens trouvent des sympathies chez les espagnols, les belges et les français. Ajoutons à cela des polémiques entre les éxilés, le glas n'est pas loin.

     Des manœuvres conciliatrices tentées au sein des section romandes, puis à la conférence de Londres en 1871 vont échouer. Le Conseil Général de Londres, rappelle aux jurassiens que l'action politique est reconnue comme moyen d'émancipation, dans les statuts de l'A.I.T.. Il leur ait demandé de se fondre dans la fédération de Genève. Les jurassiens refusent au nom du principe statutaire d'autonomie.

      Le 6 septembre 1871, les jurassiens se mettent en marge de l'A.I.T. Ils adoptent de nouveaux statuts et contestent le pouvoir de décision du conseil général, qu'ils jugent « hiérarchique et autoritaire ». La scission définitive aura lieu début septembre 1872, lors du 8e congrès de La Haye.
Le lieu de réunion, lui-même suscite des polémiques. Beaucoup pensait qu'il se tiendrait en Suisse. Lors de ce congrès Bakounine est exclu. Des miltants et des fédérations se solidarisent avec lui et démissionnent. Le siège de l'A.I.T. est transféré à New York.

      Une nouvelle A.I.T. dite anti-autoritaire se forme sous l'influence des Jurassiens à Saint-Imier le 15 septembre 1872. Les sections espagnoles, italiennes françaises et quelques autres sont présentes. Elle se revendique du collectivisme révolutionnaire avec la volonté  de mettre en oeuvre un système économique autogéré en dehors de toute autorité, de toute centralisation, de tout état et se donne comme objectif, « la destruction de tout pouvoir politique par la grève révolutionnaire ».
       
     Les 2 Internationales tiennent des congrès différents. Les fédéralistes établissent de nouveaux statuts et suppriment le Conseil Général, au profit de l'autonomie des fédérations. C'est à ce moment que Bakounine se retire, alors que ses idées triomphent. A contrario, l'Internationale des marxistes se disloque peu à peu.

     Le 15 juillet 1876, est prononcée à Philadelphie, la dissolution du conseil général de la première Internationale.

     L'A.I.T. fédéraliste va continuer ses congrès jusqu'en 1877, date à laquelle, eut lieu également un Congrès général socialiste à Genève, d’où prit son essor l’Internationale social-démocrate. On finit par s’entendre de façon qu’un bureau commun pour les deux Internationales soit créé. 

    Le projet échoue rapidement. Les anarchistes, se divisent eux-mêmes, certains prônant l'action individuelle, voir même d'entrer dans l'illégalité pour combattre, les autres, restant attachés au courant collectiviste.

    La suite, ce sera la création de nouvelles Internationales. Elles se succèderont avec des divisions constantes, qui au fur et à mesure se multiplieront. Se répercutant dans le mouvement ouvrier, elles ne feront, au final, que de l'affaiblir.

      Dommage, l'idée était belle et ces conceptions divergentes, plutôt que d'être mises constamment en opposition, auraient pu être prises comme complémentaires. Marx avait, sans nul doute, une grande maîtrise analytique, mais Bakounine peut être vu comme son garde-chiourme, en mettant en avant le risque d'une dérive autoritaire. Il semble annoncer avant l'heure ce qui va se passer au XXe siècle avec, d'abord la Révolution Russe, puis la Chinoise et toutes les prises de pouvoir faites au nom d'une doctrine marxiste. Ajourd'hui que la supercherie est tombée, il serait peut être judicieux de réunir ensemble les 2 frères ennemis et d'arrêter toutes ces querelles de chapelle. L'Histoire n'est pas finie...... winkco

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