Porte ENTREE AnarkaiA Point of view Index Commune Mise à jour : 08/08/2007
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Annexe 1

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(1809-1865)

    Fils d'une famille pauvre, son père est tonnelier et sa mère cuisinière, le jeune Pierre est un bon élève. Il entre à l'age de 10 ans au collège royal de Besançon. Il deviendra typographe et dirigera même une petite imprimerie qui périclitera.

   En 1840, il publie Qu'est ce que la propriété ? ou Recherches sur le principe du droit et du gouvernement, qui constitue le réel point de départ de sa réflexion. A la question posée par le titre de son ouvrage, il répond : « La propriété c'est le vol ». Le ton est donné. Il provoque le scandale.

  Se déplaçant fréquemment à Paris, il rencontre Karl Marx en 1844, qui va se nourrir de ses travaux et louer son génie, avant de s'opposer à lui à partir de 1846. Proudhon publie Systèmes des contradictions économiques ou Philosophie de la misère, auquel Marx répond par Misère de la Philosophie. La rupture est consommée.

   En 1846, il s'installe à Paris.

  Après la révolution de février 1848, il devient journaliste. Il va participer, successivement à 4 journaux qui, seront tour à tour condamnés, puis supprimés. Malgré tout, ses idées se diffusent et le rendent très populaire. Dans le même temps, il publie Solution du problème social, dans lequel il préconise une banque du peuple qui permettrait aux travailleurs, unis en association, de devenir maîtres de leurs instruments de travail et par conséquent du produit de celui-ci. Il tentera d'en mettre une en place en 1849, mais le projet échouera.

    Le 4 juin 1848, il est élu député de Paris à l'Asemblée Nationale. Il se fait le défenseur de la classe ouvrière. Il reçoit un blâme, à la suite d'un violent discours en faveur prolétariat, victime de la bourgeoisie.

    En 1849, à la suite de 3 articles contre Napoléon III, parus dans Le Peuple, il est condamné à 3 ans de prison et une forte amende. Il se réfugie en Belgique. Revenant à Paris en juin il est interpellé et conduit à la prison de Sainte Pélagie. Il est libéré en 1852.

   En 1858, il écrit De la justice dans la révolution et dans l'église. Nouveaux principes de philosophie pratique, dont 6000 exemplaires se vendent en quelques jours. Le livre est saisi et de nouvelles poursuites sont engagées. Il est à nouveau condamné à 3 ans de prison et à une forte amende. Il se réfugie donc à nouveau en Belgique. Il y reste 4 ans. En 1861 il publie  La guerre et la paix, recherches sur la constitution et le droit des gens, qui est encore sujet à de nombreuses polémiques.

    En 1862, il rentre à Paris.

  En 1863, il publie Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la  révolution, dans lequel il développe son idée de fédéralisme politique et de l'anarchie.

   Son dernier ouvrage sera De la capacité politique des classes ouvrières, faisant figure de testament. Il sort après sa mort. Il y envisage l'évolution sociale comme une destruction progressive de l'état

     Il meurt en 1865, fatigué et pensant avoir été mal compris.

    Des ouvrages paraissent encore après sa mort, notamment Théorie de la Propriété, qui corrige un peu son 1er livre.

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Pierre-joseph Proudhon et ses Enfants  (Gustave Courbet 1865)


Proudhonisme

     Proudhon apparaît comme le père du socialisme scientifique, de l'anarchisme, du fédéralisme et de l'autogestion, même si ce dernier terme n'existe pas encore à l'époque. Son oeuvre intègre philosophie, sociologie et économie, science qu'il voit comme le principe déterminant pour comprendre les rapports sociaux. Sa réfexion est imprégnée de son vécu. Il vient du prolétariat et a toujours vécu modestement. Il dit lui-même : « Je sais ce que c’est que la misère. J’y ai vécu. Tout ce que je sais, je le dois au désespoir. » Il se proclame aventurier de la pensée et de la science. C'est un homme de l'instant, sa pensée va au gré d'un tout de suite. Il a d'autre part beaucoup étudié, nombre de philosophes et d'ouvrages (Rousseau, Feuerbach etc...). Il déclare que ses maîtres à penser sont au nombre de 3, la Bible, Adam Smith et Hegel. Il accouchera d'une oeuvre considérable. 


Vision générale

    Pour Proudhon, l'éclosion d'une société nouvelle viendra du mûrissement qui l'aura préparée. Elle ne doit pas se faire par une rupture brutale et violente, mais par un enchaînement de réformes. Il est également en désaccord avec les théories évoquant une fin de l'histoire. Il pense, au contraire, que l'évolution humaine se perpétuera jusqu'à la fin des temps. Il ne peut y avoir d'état stationnaire ni de fin. Il  part, malgré tout, du principe, qu'il y aurait un ordre naturel au sein duquel, honnêteté et justice vont de pair. Il veut moins transformer le monde que de lui faire retrouver cet ordre là.

   D'autre part, il décèle un système de contradictions, qui semble inéluctable à l'histoire humaine. 

   « Le monde moral (social) et le monde physique reposent sur une pluralité d’éléments ; et c’est de la contradiction de ces éléments que résultent la vie, le mouvement de l’univers (...) Le problème consiste non à trouver leur fusion, ce qui serait la mort, mais leur équilibre sans cesse instable, variable comme le développement des sociétés » (Théorie de la propriété , 1865).

   Raison, aussi, pour laquelle, un renversement violent est vain. Il s'agit, plutôt, de chercher une nouvelle voie, sur les bases d'un nouveau contrat et sur le droit. 

    Enfin, et c'est là, sûrement l'un des fondements de base des théoriciens anarchistes qui suivront, il faut concilier le rapport entre l'individu et le collectif, entre la liberté individuelle et l'organisation sociale. 

La propriété

     Dans son premier grand ouvrage,  Qu'est ce que la propriété ? , Proudhon répond : « C'est le vol ». Sa célèbre citation se veut provocante et vise à faire réagir.

      En 1840, la propriété est la base de l'ordre social, droit absolu et sacré. Nul ne peut remettre en cause le droit du propriétaire d'abuser de sa propriété. C'est cet abus que Proudhon veut remettre en cause. Il ne vise pas le principe de propriété mais ce qu'il est devenu : le droit de priver les autres et de profiter d'eux. Les biens n'existant qu'en quantité limitée, la propriété est devenue un moyen de faire régner l'esclavage. Le propriétaire peut, sans rien faire, jouir du travail d'autrui. La propriété dénoncée est donc toute forme de rente.

    « La propriété est la grande matrice de nos misères et de nos crimes... ... Ruse, violence, et usure, telle est la catégorie des moyens employés par le propriétaire pour dépouiller le travailleur... Toutes les causes d'inégalité sociale se réduisent à trois :

1.) L'appropriation gratuite des forces collectives ;

2.) L'inégalité dans les échanges ;

3.) Le droit de bénéfice ou d'aubaine »
.

        Au terme propriété, il oppose possession.

      « (...) Supprimez la propriété en conservant la possession ; et, par cette seule modification dans le principe, vous changerez tout dans les lois, le gouvernement, l'économie, les institutions : vous chassez le mal de la terre. »
       
   A contrario, Proudhon s'oppose à la pensée socialiste dominante, qui prône une propriété collective et un état centralisateur, négation des libertés individuels. Il n'est pas communiste. Il sera le premier penseur à se proclamer anarchiste.

     Proudhon reviendra sur la notion de propriété, dans Théorie de la Propriété, affirmant qu'elle est, aussi, garante de la liberté et le seul rempart contre le tout état. Elle est donc la principale des contradictions inhérentes à toute société car elle est aussi la principale cause des guerres et des révolutions qui parsèment l'histoire.

     Le penseur préconise alors, une propriété distribuée plus équitablement et restant de petite taille pour qu'elle soit utilisée réellement par les individus, les familles et les associations de travailleurs.

L'état
   
    Le second ennemi est l'état, plus exactement l'état centralisé. Là, encore, c'est un des fondements de la pensée Anarchiste.

    Le problème de tout régime social est la contradiction qu'il y a entre ses 2 pôles irrémédiablement opposés, la liberté et l'autorité.

    « L'autorité suppose invinciblement une liberté qui la reconnaît ou la nie; la Liberté à son tour suppose une autorité qui traite avec elle, la réfrène ou la tolère. Supprimez l'une des deux, l'autre n'a plus de sens. »

   Un état ne peut donc être fondé sur la seule autorité pas plus que sur la seule liberté. De plus Proudhon remarque :

    « L'arbitraire est fils, savez vous de quoi ? Son nom vous le dit : du libre-arbitre, de la liberté. Chose admirable ! Le seul ennemi contre lequel la liberté ait à se tenir en garde, ce n'est pas au fond l'autorité, que tous les hommes adorent comme si elle était la justice, c'est la liberté elle-même... »


    L'état ne peut donc incarner le juste rapport entre autorité et liberté, à cause même de sa nature. Il ne fait que couvrir une appropriation de l'une sur l'autre. L'Homme ne pouvant vivre isolé, il s'agit de construire une société où les deux concepts s'équilibrent, une société où chacun est véritablement un associé.


proudh anar
- «  vous êtes républicain. »
- « républicain, oui ; mais ce mot ne précise rien. res publica, c'est la chose publique ; or quiconque veut la chose publique, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, peut se dire républicain. Les rois aussi sont républicains. »
- «  eh bien ! Vous êtes démocrate ? »
- « non. »
- «  quoi ! Vous seriez monarchique ? »
- «  non. »
- « constitutionnel ? »
- «  Dieu m' en garde. »
- «  vous êtes donc aristocrate ? »
- «  point du tout. »
- «  vous voulez un gouvernement mixte ? »
- « encore moins. »
- «  qu'êtes-vous donc ? »
- «  je suis anarchiste. »

( Qu'est ce que la propriété ? )


Proposition Proudhonnienne

    Proudhon imagine une société axée autour de deux pôles, l'association, au niveau économique et le fédéralisme, au niveau politique, sur les bases d'une démocratie directe à chacun des stades.

L'association

   L'association suppose que chacun possède quelque chose pour se sentir à la fois égal et différent. Ce droit à la possession, c'est le droit à la propriété pour tout le monde.

   Proudhon imagine cette possession comme mutuelle plutôt que communiste. Il a successivement prévu divers moyens pour y arriver :

      1 : Le droit du Travail 

     2 : Le crédit gratuit par l'institution de la Banque du peuple : L'idée est que la possession est empêchée car tous les moyens de production sont aux mains des propriétaires. Si le peuple pouvait se procurer à crédit ces moyens, non seulement la production lui appartiendrait, mais il ruinerait bien vite l'ancien système. 

    Il suffirait donc qu'une coopérative ouvrière voit le jour, pour qu'avec les bénéfices de son travail, elle permît le crédit à une seconde et ainsi de suite.

     La Banque du peuple, fondée en 1849, fut liquidée avant d'avoir commencé à fonctionner, mais l'idée fut reprise par des sociétés ouvrières de production, qui se multiplièrent à la fin de l'Empire.

     Fondé sur le principe de réciprocité et du service au prix juste, le mutuellisme peut ainsi servir de base à une société d'égaux, qui ne sera plus hiérarchisée ni centralisée. Elle fonctionnera sur un rapport d'individus autonomes, dans des groupes eux-mêmes autonomes, entretenant des rapports d'échanges et de réciprocité réglés par des contrats librement consentis. Dans cette perspective l'état perdra toute sa raison d'être et ira en dépérissant, l'accord des consciences personnelles suffisant à assurer le fonctionnement de la société.

     On a là les principes de base de l'autogestion, même si le terme n'existe pas encore.

     L'union nouvelle équilibrant autorité et liberté, c'est la fédération.

Le Fédéralisme

     La fédération se fonde sur un contrat liant des individus librement au sein d'associations, qui à leur tour se lient au sein des municipalités, puis aux provinces et ainsi de suite, selon le même principe contractuel, garantissant ainsi la supériorité du droit et de la volonté des citoyens sur l'état. En partant de la base on construit ainsi une Nation.

    Proudhon imaginera, même, une confédération européenne.

    La Commune de Paris tentera de s'organiser selon cette conception.

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  On pourra, somme toute, reprocher à Proudhon, son sexisme, il pense que les femmes sont inférieures aux hommes et certains propos anti-sémites.


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Proudhon sur wikipèdia

Proudhon sur le site d'un déscendant

Ce deuxième lien mène à 2 pages index, dont
les titres ne sont pas toujours adéquats, n'hésitez pas à clicker partout, c'est une mine.

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