Jules Vallès
(1832-1885)
Jules Vallès est le
célèbre
auteur de la fameuse
trilogie romanesque mais relativement autobiographique de Jacques
Vingtras,
L'enfant,
Le bachelier
et
L'Insurgé.
Une enfance malheureuse, prise entre un père
instituteur rigide et une mère marâtre, conduit
Jacques à se mettre en
marge puis à embrasser la cause de la révolution
sociale,
qu'il vit pleinement durant la Commune de Paris. Le tout est
raconté dans un style enflammé et non sans
humour.
L'enfant
: - «
A tous
ceux qui
crevèrent d'ennui au collège ou qu'on fit pleurer
dans la famille, qui,
pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs
maîtres ou rossés par
leurs parents; Je dédie ce livre. »
Le
bachelier : - «
A ceux qui nourrit de grec et
de latin sont mort de faim; je dédie ce
livre. »
L'insurgé
: - «
A tous
ceux qui, victimes de l'injustice sociale, prirent les armes contre
un monde mal fait et formèrent sous le drapeau de la
Commune, la grande
fédération des douleurs, Je dédie ce
livre. »
Jules Vallès naît au Puy en
Velay. Son père est
maître d'étude et sa mère,
ménagère. Il est le 3eme
d'une fratrie de 4 enfants. Au gré des nominations de son
père, il vit
à
Saint Etienne puis à Nantes. Les Vallès ne
roulent pas sur l'or. Comme
il le décrit dans le 1er tome de sa
trilogie, il
subit l'autorité arbitraire de ses parents, surtout de par
sa mère, et de l'école, où, de plus,
il s'ennuie. Il trouve
un refuge affectif chez certains de ses oncles, tantes,
cousins et ami(e)s. Il aime flâner dans la nature. De ce
vécu, il
deviendra un militant, non seulement des droits de l'Homme, mais aussi
des droits de l'Enfant.
Après un premier passage à
Paris,
entre 1846 et 1850, il
entre au lycée de Nantes pour étudier la
philosophie. Il participe, à
l'age de 16
ans à sa première manifestation en 1848. Il
échoue au baccalauréat.
En octobre 1850, il monte à Paris pour
intégrer
l'école normale. Il prend une part active contre le coup
d'État de
Napoléon III en 1851. Il se réfugie ensuite
à Nantes et son père,
craignant d'être compromis, le fait passer pour fou et
interner à
l'asile de Nantes. Il est libéré 2 mois plus
tard, grâce à
l'intervention d'un ami Arthur Arnould.
L'insurrection
ouvrière de Juin 48 et le coup d’état
du 2
décembre 1851 sont 2 événements qui
vont le
marquer pour la vie et qui vont faire de lui un éternel
insurgé contre la misère et
l'autorité.
Il retourne, alors à Paris,
où il va
mener une vie difficile. Après avoir obtenu son bac en 1852,
il
s'inscrit en droit en 1853. Cette même année, il
participe à un complot
contre Napoléon III , qui lui vaut un
séjour en prison.
Durant la première moitié de
la
décennie 1860, Il est employé
à la
Mairie de Vaugirard. Il
est également journaliste au
Figaro
et au
Progrès
de Lyon. Il réunit ses principaux articles qu'il
édite en un ouvrage :
Les
Réfractaires.
Adversaire de l'empire, en janvier 1865, lors
d'une
conférence sur Balzac, il mêle au débat
littéraire un
discours politique. Il est renvoyé de la mairie de Vaugirard.
En 1867, il lance un journal,
La Rue, qui est
interdit au bout de 8 mois. Il devient l'une des têtes de
l'opposition
républicaine, et recueille, en conséquence
diverses peines d'amendes
et de prison. Il fonde successivement 2 titres, Le Peuple, puis
Les Réfractaires,
qui ne font pas long feu.
En 1869, lors d'élections
législatives,
il se présente comme
candidat socialiste dans le quartier de Bercy.
Il n'est pas élu.
Pacifiste, il est arrêté au
moment de la guerre
contre la
Prusse, en 1870. Après la chute de l'Empire, il fait partie
du Comité
central républicain des Vingt arrondissements et commande un
bataillon
de la Garde nationale, pendant un temps.
Il prend part à l'insurrection du 31
octobre. Il
participe, en janvier 1871, à la rédaction
de l'Affiche
Rouge, premier appel à l'instauration de la Commune.
Le 22 janvier, il lance
Le Cri du Peuple.
Interdit, le 11 mars, il le relance dés le 21. Ce sera le
journal, le plus vendu durant la Commune, avec
Le Père
Duchêne.
Après l'insurrection du 18 mars, il
est élu le
25, par le XVe
arrondissement, au Conseil de la
Commune. Il y sera très assidu et réclamera
à ses comparses la même
assiduité. Il est nommé à la
commission de l'enseignement, puis à celle
des
relations extérieurs. Il s'oppose aux arrestations
arbitraires
et revendique la liberté de la presse. Il vote contre la
mise en place
du
Comité de Salut public et signe le manifeste de la
minorité, qu'il
publie dans son journal. Durant la semaine sanglante, Jules
Vallès
combat sur les barricades du Ve arrondissement
puis à Belleville. Il réussit à
échapper aux versaillais qui fusillent
2 faux Vallès, par méprise.
Il s'exile en Angleterre. Il est
condamné à la
peine de mort par contumace le 14 juillet 1872. C'est à
cette époque
qu'il débute sa fameuse
trilogie sur Jacques Vingtras, qu'il fait paraître en
feuilleton sous différents pseudonymes.
En 1879, il rencontre Séverine
qui devient sa secrétaire et disciple. Elle se chargera de
la
publication de
L'insurgé,
après sa
mort.
En 1880, avec
l'amnistie, il rentre à Paris. En 1881,
L'enfant et
Le Bachelier
sortent en livre. En 1883, il relance
Le cri du Peuple.
Jules Vallès meurt le 14
février 1885,
rongé par le diabète. Plusieurs dizaines de
milliers de personnes se
rendent à ses funérailles, qui donnent lieu
à des heurts entre
royalistes et anciens communards.
- «
J'écrirai sur mon drapeau : vivre en travaillant, sans
ajouter, mourir
en combattant. Je réclame des outils, point des fusils. Je
crie : Pas
de sang, mais du pain ! Je jetterai seulement un cri de justice et
tiendrai droite la balance, sans jamais faire descendre un des plateaux
au souffle d'une colère, ou sous le poids d'un glaive.
»
Emile Victor Duval
(1840-1871)
Né à Paris, il se fait
ouvrier
fondeur en fer. En 1867, il devient président de la mutuelle
de sa corporation et adhère à l'Internationale.
Il la quitte bientôt pour passer à l'action
clandestine. Il se consacre alors à la mise en place des
premiers groupes de combat Blanquistes.
En 1870, il organise la grève des
ouvriers fondeurs. Elle dure 4 mois, mais grâce à
sa tenacité et aux secours, qu'il va savoir organiser, elle
se clôture par une victoire.
En juillet 1870, il est condamné
à 2 mois de prison, au cours du 3e
procès intenté contre les militants de
l'Internationale. Il est libéré après
la proclamation de la république. Dans le XIIIe
arrondissement, il anime le Club démocratie socialiste,
qui adhère à l'AIT, en novembre.
Il est élu
délégué au Comité
républicain des Vingt arrondissement et participe activement
aux insurrections du 31 octobre et du 22 janvier.
Il se présente aux élections
du 8 février sur la liste des socialistes
révolutionnaires, mais il n'est pas élu.
Devenu chef de la 13e
légion, il travaille avec Ferré et
Eudes, entre autres, à la création d'une
armée révolutionnaire.
Le 18 mars, il va jouer un très grand
rôle, réussissant à prendre le
contrôle d'une grande partie de la rive gauche, puis de la
préfecture de police, où il sera élu
délégué le lendemain.
Le 26 mars, il est élu par le XIIIe
arrondissement au Conseil de la Commune. Le 29 mars, il est
nommé à la Commission militaire et à
la Commission exécutive. Il renonce à la
première le 04 avril car il vient d'être
nommé général. C'est ce même
jour qu'il prend avec Eudes et Bergeret, sous la pression de la foule
et de la Garde nationale, mais contre l'avis des "Civils" de la
Commission militaire, la décision de lancer une
offensive, à laquelle il prend part, sur Versailles. C'est
un échec. Encerclé sur le plateau de
Châtillon, il doit se rendre. Le
général Vinoy le fait fusiller le jour
même. La Commune perd un de ses plus grands chefs militaires
et surtout un de ses meilleurs organisateurs.
Emile François Eudes
(1843-1888)
Né à Roncey dans la Manche,
il fait ses études à St Lô puis part
à Paris pour devenir étudiant en pharmacie.
Il fréquente les milieux
révolutionnaires et milite dans les groupes Blanquistes. Il
ne s'en définit pas moins comme un libre penseur, ainsi que
comme un anticlérical engagé.
Il tient un moment une librairie, devient
gérant de la Libre
Pensée et s'affilie à la
franc-maçonnerie.
Vers
la fin de l'Empire, il est l'un des responsables des groupes de combat
Blanquistes de la rive gauche. Il est aussi l'un des artisans de
l'attaque de la caserne de la villette, en août 1870, qui
tourne
à l'échec. Il est d'ailleurs
arrêté le soir
même, sur dénonciation. Il est condamné
à
mort et devra son salut à la chute de l'Empire. Il est
libéré le 5 septembre, par des manifestants.
Eudes est un partisan de la défense
à outrance. Il collabore à La
Patrie en danger
de Blanqui, participe à l'organisation du Comité
central
républicain des Vingt arrondissements et se retrouve chef
du 138e bataillon. Il est
destitué de son
commandement après avoir pris une part active à
l'insurrection du 31 octobre.
Le 18 mars, avec Ranvier,
il dirige les bataillons de Belleville qui prennent l'Hôtel
de
ville. Il fait partie, avec Louise Michel et Varlin, de ceux qui, le
lendemain, sont partisans de mener une attaque sur Versailles. Le 24 il
est nommé délégué
à la guerre par le
Comité central. Le 26, il est élu par le XIe
arrondissement au Conseil de la Commune puis nommé le 29,
membre
de la Commission exécutive et de la Commission militaire. Il
abandonne le 1er poste le 03 avril, jour de
l'offensive
ratée contre Versailles, pour laquelle il était
favorable. Le 20 mai, il est élu au Comité de
Salut
public. Durant la semaine sanglante, il combat sur les barricades au
côté de Varlin. Il réussit à
échapper
aux versaillais et se réfugie en Suisse. Il est
condamné
à mort par contumace.
Il vit ensuite assez
pauvrement en Angleterre et revient à Paris après
l'amnistie. Il participe à la création
du journal
de Blanqui, Ni Dieu ni Maître,
et à la mort de ce dernier, il fonde avec Vaillant, L'homme
libre.
Il
meurt d'une rupture d'anévrisme lors d'un meeting
à
Belleville, où il tenait un discours en faveur des
terrassiers
parisens en grève. Ses funérailles seront
l'occasion
d'une manifestation qui sera violemment réprimée.
Gabriel Ranvier
(1828-1879)
Né dans le cher et issu d'une famille
pauvre, il part pour Paris en 1847 et se forme au métier de
peintre-décorateur sur laque. Il monte ensuite une petite
entreprise, qui est mise en faillite à la suite d'une
reproduction frauduleuse d'un motif propriété
d'éditeur, faite à son insu, par un de ses
ouvriers.
Il rejoint les blanquistes, mais on ne sait pas
bien, ni comment, ni quand. Toujours est-il qu'en juillet
1870, il est arrêté et condamné
à 4 ans de prison. Comme beaucoup, il retrouve la
liberté après la chute de l'Empire. Il devient,
alors, membre du Comité
central républicain des Vingt
arrondissements et prend le commandement du 141e
bataillon. Il est avec
Flourens, l'un des instigateurs de
l'insurrection du 31 octobre.
Le 5 novembre, il est élu maire du XXe
arrondissement, mais son mandat est invalidé par le
gouvernement, en raison de sa faillite passée.
Membre du Comité central de la Garde
nationale, lors de la journée du 18 mars, il dirige les
bataillons de Belleville et est l'un des premiers à investir
l'Hôtel de ville.
Le 26 mars, il est élu au sein du
Conseil de la Commune, par le XXe
arrondissement. Il est ensuite nommé à la
Commission de
guerre. Il vote pour l'instauration du Comité de Salut
public et
y est élu le 1er mai, puis le 10 mai.
Durant la semaine sanglante, sa bravoure et son
énergie aux combats sont
reconnues, notamment par Lissagaray, le journaliste, qui
dira de lui de
lui, qu'il
était «
L'âme de la Villette et de Belleville ».
Le 26 mai, il fait placarder une affiche sur les murs de la capitale,
ce sera la dernière de la Commune, où il exhorte
le peuple
de Paris à résister :
- « Citoyens
du XXe, si nous succombons, vous savez
quel sort nous est réservé. Aux armes ! De la
vigilance, surtout la nuit... Je vous demande d'exécuter
fidèlement les ordres. Prêtez votre concors
au XIXe
arrondissement; aidez le à repousser l'ennemi. Là
est votre sécurité. N'attendez pas que Belleville
soit lui même attaqué... Et Belleville aura encore
une fois triomphé. En, avant donc. Vive la
République ! »
Il réussit à
échapper aux Versaillais, qui le condamnent par contumace,
aux travaux forcés, pour sa participation à la
démolition de l'hôtel particulier de Thiers, puis
à mort pour incendie de
bâtiments publics. Il se
réfugie à Londres, où il entre au
conseil général de l'Internationale. Au
Congrès de La Haye, il vote pour l'exclusion de Bakounine.
Il donne, par la suite, sa démission, de concert avec les
autres Blanquistes.
De retour à Paris, après
l'amnistie, il meurt un mois plus tard.
Victor Jaclard
(1840-1903)
Fils d'un artisan sellier, il devient professeur
de mathématiques. En 1864, il part s'installer à
Paris pour poursuivre des études en pharmacie. Il
fréquente rapidement les milieux Blanquistes, au travers
desquels, il
rencontre sa future femme, Anna
Kroukovskaïa.
Il semblerait qu'il ait participé à
l'évasion de
Blanqui en 1865. La même année, prônant
des
idées socialistes et athées, lors du
Congrès
international des étudiants de Liège, il est
exclu pour 2
ans, par le Conseil académique de Paris, de toutes les
universités de France.
Au mois de janvier 1866, il est
condamné à 6 mois de prison en raison d'une
participation
à une manifestation.
En 1867 - 68, il aide à
mettre en place les premiers groupes de combat Blanquistes.
En octobre 1868, à Genève,
il fait partie de ceux, qui avec Bakounine, fondent L'Alliance internationale de la
Démocratie Socialiste.
En
1870, il doit se réfugier avec sa Femme Anna, en Suisse. Le
couple revient à Paris après la chute de
l'Empire. Il est
alors élu chef du 158e bataillon et
joue un
rôle important dans l'insurrection du 31 octobre. Au mois de
novembre, il est le maire-adjoint de Clémenceau dans le XVIIIe
arrondissement. Dans le même temps, il est membre du
Comité central républicain des Vingt
arrondissements. Il
se présente comme candidat sur la liste des socialistes
révolutionnaires aux élections du 8
février 1871, mais n'est pas élu.
Durant la Commune, il est nommé chef de
la XVIIe
légion, mais contesté au sein du conseil de
celle-ci, qui
l'accuse d'abus de pouvoir, il démissionne. La Commune lui
confie, alors un poste d'inspecteur général des
Fortifications.
Durant la semaine sanglante, il combat sur les
barricades de Batignolles, puis au Château d'eau. Il tombe
entre
les mains des Vesrsaillais et est arrêté. Son
beau frère réussit à le faire
évader le 1er octobre. Il se
réfugie en Suisse avec sa femme, puis part avec elle en
Russie.
Le
couple revient dans la capitale après l'amnistie, en 1880.
Il
devient alors, secrétaire du journal de
Clémenceau, La
Justice.
Il est, aussi délégué au
Congrès
international de Bruxelles, en 1891, et secrétaire
du
syndicat des journalistes socialistes.
Edouard
Vaillant
Benoît
Malon
(1840-1915)
(1841-1893)
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