Eugène Protot
(1839-1921)
Né dans l'Yonne, Eugène
Protot est issu d'une famille
de
paysans pauvres. Tout en travaillant, il parvient à suivre
des
études. En 1864, il
est à Paris où il fait du droit pour
devenir avocat.
Par
ailleurs, il milite dans les groupes blanquistes dont il est l'un des
principaux rouages.
Au début du mois de septembre
1866, Protot adhère à l'Internationale et se rend
à Genève pour son congrès. Il
y provoque du chahut et se fait
expulser. Cette histoire ne plait pas à Blanqui. En
novembre, alors
que les responsables Blanquistes sont en réunion dans
un
café
parisien, la police surgit et arrête Protot. Un
procès
suit début 1867, il se retrouve
condamné à 15 mois de détention. Il
parvient
pendant
un temps à échapper à son
sort, en se
cachant chez des
ouvriers. En février 1868, il est
interpellé et
envoyé en prison où il va rester quelques mois.
Protot devient par la suite l'avocat de
l'opposition.
En 1869, après
avoir assuré la défense de Mégy, un
ouvrier
Blanquiste ayant tué un
policier venu
l'arrêter, Protot se retrouve poursuivi et
incarcéré. Sous
la pression de ses collègues, il
est libéré, mais au mois de mai 1870,
accusé de complot
contre la vie de l'Empereur, il est à
nouveau condamné.
Durant le siège de Paris, il s'engage
dans la Garde nationale. Toujours avocat, il assure la
défense de Vésinier, un
insurgé du 31 octobre qui comparaît devant un
Conseil de
guerre. Il obtient son acquitement.
Pendant la période communale, Protot
est
élu au Conseil de la Commune par le XIe
arrondissement. Il est ensuite nommé
à la
Commission de la Justice, qui elle même en fait son
délégué. Il va alors porter
l'idée d'une refondation globale de l'institution judiciaire
sur une base égalitaire et démocratique.
« Sans doute, le
principe de
l’élection des magistrats par le suffrage
universel doit être la loi de l'avenir
».
Entre
avril et mai, il prend un certain nombre de mesures qui vont dans ce
sens. Un décret supprime la vénalité
des offices,
les
représentants de l'ordre judiciaire deviennent des
salariés de la Commune et ne peuvent plus se payer sur leurs
actes. Un
autre décret pose la gratuité de la justice,
chacun peut
faire appel à ses services, sans rien débourser.
Par
ailleurs, devant les risques
de l'arbitraire policier, surtout en cette période de
troubles,
Protot édicte des décrets garantissant la
liberté individuelle. Il fait mettre également en
place une
commission
chargée de recueillir dans les prisons, les plaintes et
doléances des
prisonniers.
Le 17 mai, les versaillais sont aux
portes de Paris, Rigault, le procureur de la république,
réclame des exécutions
immédiates après décisions des
jurys. Protot,
relayé par d'autres voix telles celles de Vaillant ou de
Fränkel, s’y oppose et obtient qu'on y
renonce.
Le
temps manquera ..... D'autant plus,
qu'il aura fallut d'abord remettre en route un service totalement
désorganisé après l'insurrection, puis
agir dans
une situation de guerre civile.
En ce qui concerne l'instauration du
Comité de Salut public, Protot ne prendra pas part
au vote.
Durant la semaine sanglante, il combat sur les
barricades. Le 26 mai, il est grièvement blessé,
mais un
inconnu l'ayant aperçu de sa fenêtre, lui porte
secours et
le cache. Rétabli au mois d'octobre, il part se
réfugier à Genève. En France, le 19
novembre 1872, il est condamné à mort par
contumace. Lui va voyager, semble-t'il, entre la Suisse, la Belgique,
l'Italie et l'Angleterre. Il
sera parfois sujet à des poursuites dans
certains pays.
Il revient en France en 1880, à la
faveur de
l'amnistie,
mais il ne peut plus exercer en tant qu'avocat, son nom a
été rayé du barreau.
Il vit pauvrement
et fréquente
les bibliothèques. Il continue à
défendre une certaine idée du socialisme.
A l'aube du 20e
siècle, il s'éloigne de la politique.
Vuilaume, l'un des rédacteurs du
journal Le père
Duchêne, l'un des 2 titres les plus lus sous la
Commune, écrit à son sujet en
1910 :
-
« Si vous allez un jour, à la
Bibliothèque Nationale, regardez à l'une des
tables du fond, à gauche. Ce solide gaillard
penché sur une pile de bouquins, la joue glorieusement
étoilée d'une terrible blessure, .... C'est
Protot »
La
Jusice sous la Commune / Protot
Auguste Vermorel
(1841-1871)
Auguste Vermorel est un écrivain,
journaliste et militant socialiste.
Dans les années 1860 il
enchaîne les
collaborations avec divers journaux, dont il est pour certains titres,
lui-même, le fondateur. Il défend les
idées
socialistes à travers ses articles, ce qui
lui cause un certain nombre d'ennuis avec la justice. Il se
retrouve, ainsi,
fréquemment condamné, voir
emprisonné.
A la fin de la
décennie, il
publie plusieurs ouvrages, Les Hommes
de
1848 (1868), Les Hommes
de 1851, Les Vampires
(1869), et Le Parti socialiste
(1870). Il fait éditer également des textes de
Danton, de Robespierre et de Marat.
Il est encore en prison le 4 septembre
1870,
quand tombe l'Empire et que la République est
proclamée. Il retrouve, alors, la liberté et
remet en route un de ses anciens Journaux, Le Courrier français.
Il ne tarde pas à retourner derrière les barreaux
en raison de son implication dans
l'insurrection du 31 octobre. Une fois libéré
et après la fin du siège, plutôt
découragé, il part en province, mais il revient
sur Paris aux
lendemains de l'insurrection du 18 mars.
Pendant la période communale, il va
être actif sur plusieurs fronts. Il est élu le 26
mars au Conseil de la Commune par le XVIIIe
arrondissement. Il est nommé à la Commission de
la justice et à la Commission exécutive, puis
à la Commission de sûreté
générale. Il mettra en route 2 journaux qui ne
dureront que le temps de 4 numéros. Le premier, L'ordre,
paraît du 20 au 23 mars. Il
y appelle les révolutionnaires et les
modérés à s'entendre pour agir
ensemble, il
exhorte les parisiens à prendre leur sort en main et donc
à participer aux élections communales du 26 mars,
il dénonce la suppression des journaux, Le Figaro et Le Gaulois, « (...) il ne faut pas avoir deux
poids et deux mesures, surtout en temps de révolution (...).
Le second, L'Ami du peuple,
paraît, lui du 23 au 29 avril. Il rend compte, entre
autres, de l'activité communale en soulignant son
caractère spontanné, démocratique et
légitime.
« Nous ne combattons pas pour le pouvoir ; nous combattons
pour le droit, pour le droit du peuple. »
Lissagaray, journaliste
auteur d'une grande enquête sur la Commune de Paris paru sous
le titre de l'Histoire de la Commune de
1871, nous dit à
propos de Vermorel :
-
« Il se livra à corps perdu. Plus actif et
laborieux qu'aucun, il ne sortait du Conseil que pour aller aux
avant-postes. (...) Malgré cet heureux accord de sens droit
et de bravoure, il ne pouvait gagner d'autorité. Son
extérieur le tuait. Trop grand, gauche, timide avec une
figure et des cheveux de séminariste, d'une parole
précipitée qui semblait se battre avec sa
pensée. Il n'avait aucune faculté d'attraction.
»
Au sein du Conseil de la Commune, il s'oppose aux
velléités jacobines. Au moment du vote pour
l'instauration du Comité de Salut public, Vermorel vote
contre,
puis signe le Manifeste de la minorité, qui conteste sa mise
en
place.
Durant la semaine sanglante, Vermorel se
déplace de
barricades en barricades, arborant une écharpe rouge en
ceinture. Le 25 mai, il est grièvement blessé sur
la
barricade du Château-d'eau. Il est fait prisonnier le
lendemain
et conduit à Versailles. Il meurt lentement, faute de soins.
Charles Ferdinand Gambon
(1820-1887)
Natif de Bourges et issu d'un milieu
aisé, Charles Gambon, devenu orphelin, est
élevé par sa grand mère.
Il devient
avocat à 19 ans et s'installe à Paris,
où il fonde
le Journal des Ecoles
(1840), une feuille
démocratique distribuée au quartier latin. Il
rencontre un certain
Félix Pyat, avec qui il se lie d'amitié.
Il retourne dans sa région en 1846. Il
est nommé juge
suppléant au tribunal civil de Cosne.
Malgré tout,
il garde son esprit d'indépendance et ne cache pas son
adhésion aux doctrines radicales. En 1847, il organise le
banquet réformiste de Cosne, où il refuse de
porter un
toast à Louis Philippe et proclame la
souveraineté
nationale. Il se retrouve suite à cette affaire devant la
cour
de cassation, qui le condamne à 5 ans de suspension de son
activité de magistrat.
Lors de la révolution de
février 1848, il prend une part active dans le mouvement
républicain de son département. Après
la chute de la monarchie de Juillet, il est élu dans la
Nièvre pour aller siéger au sein de la
nouvelle assemblée. En juin, il s'oppose fermement
à la répression sanglante des révoltes
populaires de Paris. Il se prononce également contre la
peine de
mort. Réélu à
l'assemblée législative en 1849, il lutte sans
relâche contre la politique du nouveau président,
Louis
Napoléon Bonaparte, contestant la fonction
présidentielle
même. Il dénonce avec Ledru Rollin,
l'expédition militaire menée à
l'encontre de la
nouvellle république de Rome pour rétablir le
pouvoir
absolu du pape Pie IX et
se rallie à son appel aux armes. En novembre,
accusé
d'incitation à la guerre
civile, il est déporté
à Belle-Ile puis en Corse. Il ne
retrouve la liberté que 10 ans
plus tard. Possédant une petite
propriété dans le Cher, il devient agriculteur.
Il
continue, également à militer dans le mouvement
républicain, en dépit du fait qu'il est sous la
surveillance de la police.
En 1869, Gambon lance
une campagne appelant les citoyens à refuser de payer
l'impôt à l'Empire. Lui même envoie une
lettre à son percepteur déclarant qu'il ne
donnera rien au fisc. En représaille, celui-ci lui saisit
une vache et la met en vente aux enchères. Personne dans le
pays ne s'en porte acquéreur. Dans son journal, La Marseillaise, Henri
Rochefort, ouvre une souscription pour la racheter. La vache de Gambon
devient une légende. L'affaire se termine par un fiasco pour
le gouvernement qui en ressort ridiculisé.
Aux élections du 8 février
1871 pour l'Assemblée nationale, Gambon et l'un des 4
socialistes révolutionnaires élus. Il
proteste et vote contre les préliminaires de paix.
Pendant la période communale, il
démissionne de son mandat de député
après avoir été porté au
Conseil de la Commune par le Xe arrondissement,
le 26 mars. Il déclare :
- « Entre Paris
défendant son droit, la
République, et Versailles voulant la Monarchie et la guerre
civile, je n'ai pas à hésiter.
»
Il est nommé à la Commission
de la justice et fait partie des membres de la Commission
chargée de faire un état des lieux des prisons
parisiennes. Il refuse de devenir Procureur de la Commune, jugeant
cette fonction trop
antipathique.
A partir du 9 mai, il intègre le Comité
de Salut
public. Durant la semaine sanglante, Gambon se bat sur plusieurs
barricades. Il réussit à échapper aux
versaillais
et à entrer en Belgique, à l'aide d'un faux
passeport. Il
en est expulsé et se réfugie en Suisse.
En France, il est d'abord
condamné, par
contumace, en novembre 1871, à 20 ans de travaux
forcés,
puis à mort, après à un nouveau
jugement
l'année suivante.
Durant son exil, il fonde Le Bulletin de la Commune, avec
l'ancien communard Cluseret. Il publie également 2 brochures
La Revanche de la France et
de la Commune (1871), puis
Réponse à l'assemblée
« souveraine de Versailles. La Dernière
révolution (1872), dans lesquels il
défend le droit au travail et appelle à la
suppression des armées permanentes.
Il revient à france après
l'amnistie. Il collabore
avec Félix Pyat, à la rédaction du
journal la Commune.
En
1882, il est à nouveau élu
député de la Nièvre, sur une liste
radicale.
Il se situe encore à l'extrème gauche et s'oppose
à la politique du gouvernement. Il défend un
projet
d'abolition des armées permanentes. Alors qu'en 1885 ont
lieu de
nouvelles élections, il forme et prend la tête
d'une liste
purement socialiste, après qu'un ouvrier s'est vu
refusé
d'intégrer celle des radicaux. Il échoue mais
cette liste
marque la naissance du socialisme dans la Nièvre.
Jaroslaw Dombrowski
(1836-1871)
Né en Ukraine Jaroslaw Dombrowski est
issu d'une famille
Polonaise noble mais pauvre, la pologne est à cette
époque annexée à l'Empire russe. Il va
embrasser une carrière
militaire.
En 1845, il rentre à l'école
des cadets de
Brest-Litvosk, puis intègre en 1853, le régiment
des nobles de Saint
Petersbourg. Il ressort gradé 2 ans plus tard. Il est
alors affecté à l'armée du Caucase,
avec laquelle il se bat pendant 4
années contre les insurgés
Tchétchènes. Il en ressort
décoré.
De 1859 à 1861, il reprend des
études à l'Académie militaire de St
Petersbourg. Il fréquente pendant cette période
un groupe d'officiers démocrates. Il obtient le grade
de capitaine puis est envoyé à Varsovie dans une
division de l'armée russe qui a pour tâche de
pacifier la ville où la contestation des nationalistes
polonais devient de plus en plus pressante.
Dombrowski
rejoint le camp des rebelles polonais et prend une grande part dans la
création d'une organisation patriotique radicale,
surnommée le Parti des
rouges.
En 1862, il est porté
à la tête du Comité National Central,
qui se charge
d'organiser une insurrection. Le projet va
échouer.
Dénoncé, Dombrowski est
arrêté le 14 août 1862 et se retrouve
condamné à mort. Sa peine est commuée
en
déportation pour la Sibérie en 1864.
Grâce à
des amis, il parvient à s'évader d'une prison de
Moscou, où il est en transit,
et à rejoindre la frontière.
En juin 1865, il arrive en France et devient
dessinateur à Paris pour gagner sa vie. Il est
élu ensuite au comité
directeur de l'Union de l'émigration polonaise.
L'année suivante, il rentre en contact avec des
républicains et révolutionnaires
français, tels
que Delescluze, Vermorel ou encore Varlin.
Durant le
siège de Paris, il propose ses services au Gouvernement de
la
Défense nationale qui, non seulement refuse, mais le fait
arrêter à 2 reprises.
Pendant la période communale, il est
nommé au commandement de la XIIe
légion puis à celui de la place de Paris. A
partir du 9 avril, il
est chargé d'assurer la défense du secteur le
plus
exposé, celui de Neuilly et se retrouve à la
tête
de toutes les forces armées de la Commune de la Rive droite.
Dombrowski suggère aux membres du
Conseil de Commune des
stratégies pour combattre l'armée versaillaise,
mais ils n'en tiennent pas compte. Ainsi, on peut citer cette anecdote
: alors que les
Versaillais lui offrent 1 million de francs pour qu'il leur livre une
porte de la
capitale, il propose au Conseil de la Commune d'en profiter pour leur
tendre un piège,
mais l'affaire en reste là.
Le 5 mai, il devient commandant-en-chef de
l'armée de la Commune de Paris.
Le
21 mai, débute ce qui va être la semaine
sanglante. Les
versaillais entrent facilement dans Paris par la porte de Saint Cloud.
Dombrowski, absent de son quartier général
apprend la
nouvelle plus d'1 heure après. Il avertit par voie
télégraphique le Conseil de la Commune,
à qui il
demande de lui envoyer des renforts, stipulant qu'alors, il pourrait
les
repousser. Son message reste lettre morte. Le 23 mai, il est
mortellement touché sur une barricade et meurt quelques
heures
plus tard.
Alors
que son corps est transporté au Père Lachaise, le
cortège est arrêté place de la
Bastille. Lissagaray
raconte :
- « Les
fédérés de ces
barricades avaient arrêté le cortège et
placé le cadavre au pied de la colonne de Juillet.
Des hommes, la torche au poing, formèrent autour
une
chapelle ardente et les fédérés
vinrent l'un
après l'autre mettre un baiser sur le front du
général. »
Dombrowski
est reconnu pour avoir été un excellent
général, mais il ne fut guère
entendu ou suivi par les membres de la Commune. Il faisait partie avec
Walery Wroblewski et Louis Rossel des seuls officiers de la Commune
ayant reçu une formation militaire
supérieure.
Les
images qui suivent
contiennent les liens de biographies.
Gustave
Flourens
(1838-1871)
Louis
Nathaniel
Rossel
(1844-1871)
Walery
Wroblewski
(1836-1908)
Felix
Pyat
(1844-1920)
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