Porte ENTREE AnarkaiA Point of view Index Commune Mise à jour : 29/03/2009
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III : La floraison de la Commune

    La guerre de 1870-71 entre la France et la Prusse va déposer les dernières couches de terreau favorable à la floraison communale. 2 éléments consécutifs qui s'articulent, répandent la révolution sociale dans les esprits :

- 1 : La débâcle de l'armée française, qui semble prendre une tournure délibérée, de la part de l'état.

- 2 : L'auto organisation des parisiens pour faire face au siège prussien, durant l'hiver.

   Nous allons, d'abord reprendre les évènements de manière chronologique jusqu'à l'armistice. Nous verrons ensuite, comment les parisiens s'auto organisent durant le siège. Et nous finirons sur l'enchaînement des faits qui, après l'armistice, vont conduire à l'insurrection du 18 mars. 


La Guerre Franco Prussienne /chronologie des événements

Déclaration de guerre

    Bismarck, 1er ministre du royaume de Prusse, rêve de construire un empire allemand sous direction prussienne. Après avoir écrasé l'autriche en 1866, il ne lui faut plus qu'un ennemi exterieur avec qui entrer en guerre pour souder l'unité allemande. Napoléon III, de son côté, en laissant à Bismarck les mains libres contre l'Autriche, attendait de sa part une contrepartie territoriale. Il s'était accordé avec lui, en secret, pour le Luxembourg. Non seulement Bismarck va finalement se rétracter, mais de surcroît, il va ébruiter l'affaire, mettant l'empereur dans une position embarrassante aux yeux des autres pays de l'europe. Dès lors, la france se retrouve isolée et humiliée, nourrissant un esprit de revanche.
     
       Le ton va monter entre les 2 nations au mois de juillet 1870.

   Bismarck cherche, depuis un certain temps, à placer un prince allemand, Leopold de Hohenzollern-Sigmaringen, sur le trône d'Espagne, vacant depuis 1868. Le 21 juin, sa candidature est posée. La France, qui y voit une dangereuse escalade de plus dans l'expansion prussienne, s'y oppose fermement. Guillaume 1er, roi de Prusse, accepte de la retirer le 09 juillet. Cependant du côté français, on réclame du roi prussien, qu'il se prononce pour un renoncement définitif. Le 13, un ambassadeur est envoyé à cet effet, à Ems, où séjourne Guillaume 1er. Le roi refuse de le recevoir et envoie, en  guise de réponse, un télégramme, la Dépêche d'Ems, à Bismarck, lui laissant le soin d'en faire l'annonce officielle. Si le ton du message est agacé, il confirme, tout de même, le retrait de la candidature du prince allemand. Mais pour Bismarck, c'est l'occasion de retourner la situation et de pousser les autorités françaises à déclencher les hostilités. dem  Il condense le texte, qui prend une tournure insolente. La dépêche est publiée le lendemain dans les journaux de chaque côté du Rhin. En France, déformée un peu plus, elle prend une allure encore plus insultante.

     Napoléon III et son 1er ministre, issue de l'opposition républicaine, Emile Ollivier, sont plutôt favorables à la paix. Mais la Presse et la chambre se déchaînent et réclament qu'on lave l'affront.

    Face au conflit qui s'annonce imminent, l'A.I.T lance un appel à la fraternisation aux travailleurs des 2 pays. Les sections allemandes et française de l'internationale s'adressent mutuellement des messages pacifiques et d'amitié. Il est fait mention de la solidarité internationale des ouvriers et du refus de participer à une guerre dynastique. Ces appels n'empêcheront rien.

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Manifestation  pour la paix à Paris, en juillet

La guerre est-elle juste ? Non !

La guerre est-elle nationale ? Non ! Elle est purement dynastique.

Au nom de l'humanité, de la démocratie et des véritables intérêts de la France, nous adhérons complètement et énergiquement à la protestation de l'Internationale contre la guerre

( La Marseillaise 22 juillet 1870 )

      Le 19, juillet la France déclare la guerre à la Prusse, soulevant un enthousiasme populaire.


La débâcle française

     L'armée française n'est, en fait, pas prête pour une guerre européenne. Elle ne s'est pas remise du désastre de l'expédition mexicaine. Elle est mal équipée, en infériorité numérique et de surcroît n'a aucun chef militaire de valeur. Elle subit défaites sur défaites et les armées allemandes occupent rapidement l'est de la France. Napoléon III capitule le 2 septembre à Sedan. Il est fait prisonnier le jour même. C'est la fin du second Empire.

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Napoléon III et Bismarck, le 2 septembre


Le Gouvernement de la Défense Nationale

     Le 4 septembre, les parisiens envahissent l'Assemblée Nationale et empêchent le corps législatif de délibérer. Ils réclament l'instauration de la République. Léon Gambetta proclame la déchéance de l'empire. La suite des événements se passent à l'Hotel de Ville.

   Sous l'impulsion de Jules Favre et de Jules Ferry, on s'empresse de former un nouveau gouvernement,  composé exclusivement de députés républicains modérés de Paris. Il faut éviter que des représentants du peuple puissent siéger. Malgré tout, une place est concédée à l'un d'entre eux, Henri Rochefort. Ce dernier, grand tribun et fondateur de nombreux journaux anti- Bonapartistes, jouit d'une grande popularité. Tout juste libéré de prison, la foule le porte en triomphe à l'Hotel de Ville. Il va pouvoir servir de caution d'extrême gauche au nouveau pouvoir. La République est proclamée. La présidence est confiée au général Trochu.

      La débâcle continue et le 19 septembre Paris est assiégé. Des tractations ont lieu en secret avec Bismarck. La nouvelle se répand dans Paris et on commence à se méfier de ce gouvernement. Gambetta quitte Paris, en ballon le 7 octobre, pour aller animer la résistance en province. Les autres ministres, débarrassés de ce promoteur de la guerre à outrance, ne songent plus qu'à gagner du temps et traiter avec la Prusse. Il faut rendre la défaite inéluctable pour décourager Paris de toute résistance.
     
      Pour quelles raisons Paris est-il animé de cette fibre patriotique ?

    Entre autres, parce que Paris est républicain et voit dans une victoire de l'Empire allemand, un retour de la monarchie et de la réaction.

     Pour quelles raisons, alors, ce gouvernement républicain préfère-t'il la capitulation ?

     Essayons d'être objectif, dans la limite de nos connaissances teeth.

    Donc en sa faveur, on peut plaider, que vu le désastre, il juge sincèrement que les carottes sont cuites. Il est préférable, alors, de réaliser une paix où l'on sauve les meubles.

    Mais la véritable raison semble être tout autre. La révolution sociale est en train de se répandre dans les esprits, notamment au sein de la Garde Nationale, armée populaire constituée de civils. L'ennemi à abattre devient donc, non plus, plus l'envahisseur teuton, avec qui l'on peut toujours négocier, mais bien le coeur de Paris qui prend cette dangereuse couleur rouge et qui plus est, est en armes. 

     A Metz, Bazaine, chef des armées du Rhin, renonce au combat après la chute de l'Empire. Il se laisse encercler et cherche à négocier une sortie de son armée, pour dit-il « sauver la France d'elle-même ». Il capitule le 27 octobre, offrant, dès lors aux Allemands la possibilité de se déployer sur Paris.

     Le Gouvernement de Défense Nationale tente de camoufler cette reddition.
       
   Le 28 octobre, un petit groupe armé, parti en reconnaissance sur le Bourget, à l'extérieur de Paris, se rend maître de la ville après un combat de courte durée. 2 bataillons leur sont envoyés en soutien par leur chef, le général Bellemare. Une percée dans les lignes allemandes devient envisageable. Bellemare informe Trochu, mais celui-ci ne réagit pas. Les troupes allemandes peuvent contre-attaquer en toute quiétude. Les français sont peu à peu encerclés. Ils sont 3 000 face à 15 000 allemands. Ils attendent des renforts qui ne viendront jamais. Ils tiennent, quand même le siège pendant 2 jours. La lutte est héroïque mais désespérée. Les combats se terminent maison par maison. La plupart des français y trouvent la mort. On les a abandonnés. Le Bourget est repris le 30 par les forces allemandes. 

     La nouvelle de ces 2 trahisons met le feu aux poudres à paris et provoque une insurrection le 31.
     

L'insurrection du 31 octobre

    Au petit matin, les parisiens, ayant pris connaissance de ces 2 échecs, y voient une volonté délibérée du gouvernement de capituler. Dans divers quartiers, des rassemblements se forment puis convergent vers l'Hotel de Ville, en lançant des slogans : « A bas Trochu ! Vive la Commune ! Pas d'armistice ! ». Les alentours de l'Hotel de Ville sont  noirs de monde, les grilles cèdent et l'enceinte est envahie. Les membres du gouvernement se retrouvent prisonniers de ce torrent humain. Cent projets se discutent et se contredisent. La préfecture est à son tour occupée.

     L'insurrection semble victorieuse, mais elle est isolée. Ferry et un autre ministre, Picard qui ont pu s'éclipser réunissent des bataillons fidèles au gouvernement et cernent l'Hotel de ville. Il y a tellement de monde, que l'on ne peut se battre. Le jeu des transactions commence. Promesse est faîte, aux insurgés qu'il n'y aura pas de poursuites. Chacun sort librement.

     En réalité, quatre jours plus tard les arrestations commencent.

    L'insurrection a échoué, car trop improvisée, mais une marche de plus vient d'être franchie sur le chemin de la Commune.



L'organisation de la défaite

     Le 28 novembre est organisée une sortie sur la Marne. Elle doit se combiner avec une offensive de l'armée de la Loire. Supérieurs en nombre les Français occupent Champigny le 30. Faute de ravitaillement et à cause du froid, ils doivent battre en retraite le 3 décembre.

    Plus grave, Trochu et le Gouvernement vont organiser une défaite, pressés, qu'ils sont, d'en finir, car la colère gronde. Il faut faire admettre aux parisiens qu'il n' y a plus d'alternatives. Il faut faire mordre la poussière à la Garde Nationale. On entend dire dans les conseils de Gouvernement : - « L'opinion publique ne sera contente que quand il y aura 10 000 gardes nationaux par terre. »

    Le 18 janvier 84 000 hommes sont rassemblés à grand bruit, comme pour prévenir l'ennemi. Ils passent la nuit dans le froid et sous la pluie. Au matin, une attaque est lancée sur Versailles. Les gardes nationaux conquièrent des positions, mais on les laisse s'épuiser. L'artillerie et les réserves restent en arrière. A 18 heures, alors que la contre-attaque allemande fléchit, Trochu sonne la retraite. La Garde Nationale comprend alors qu'on ne l'a fait sortir que pour la sacrifier. Bilan : 4070 morts, dont le tiers environ pour la Garde. 

   Le 22, la révolte gronde dans la capitale et une foule énorme se masse devant l'Hotel de ville. Beaucoup de femmes sont présentes. Les mobiles bretons tirent sur la foule. Les Gardes Nationaux ripostent. Le tiraillement dure un certain temps, puis les gens se dispersent, découragés. On compte une trentaine de morts et de nombreux blessés. Des arrestations suivent, 17 journaux sont interdits et on ordonne la fermeture des clubs. Le gouvernement prépare le terrain pour la capitulation, mais la révolution sociale se précise un peu plus dans le coeur de Paris


L'armistice

     Le lendemain, Favre rencontre Bismarck à Versailles. Il lui propose un armistice pour pouvoir organiser les élections d'une Assemblée, qui serait habilitée à signer la paix. Ce dernier fixe des conditions : le désarmement des forces françaises, l'entrée des troupes allemandes dans Paris et le paiement d'un tribut de 200 millions de francs et l'annexion de l'Alsace. Le Français sait qu'on ne peut désarmer la Garde Nationale et que l'entrée des allemands dans Paris serait vécu comme un véritable affront par le peuple. Il réussit à la faire retarder et obtient qu'une division reste armée pour maintenir l'ordre.

    Le 25, le gouvernement donne son aval. L'armistice est signé le 26. A minuit les canons allemands se taisent.

      Le lendemain, 400 officiers signent un pacte de résistance, un bataillon de la Garde Nationale se rend à l'hotel de ville au cri de « Non à l'armistice », une tentative d'insurrection avorte faute de cohérence entre les différents mouvements.

     Le 29, la nouvelle est officielle, placardée sur les murs. Les victuailles réapparaissent comme par enchantement, les spéculateurs ne peuvent plus miser sur la rareté.

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     Les Parisiens se sentent bernés. Ils ont souffert de faim et de froid dans un hiver particulièrement rigoureux (pointes à -12 °C en décembre), la situation s'aggravant au mois de janvier avec les bombardements allemands sur la ville.

     Le gaz, pour se chauffer, est rationné dès le 16 novembre. On mange chats, chiens et rats. Dès le 24 octobre, on sacrifie les animaux du jardin des plantes pour les restaurants de luxe. 2 éléphants, Pollux et Castor sont fusillés et vendus à la fin novembre, pour 27 000 francs, à une boucherie. Les prix montent, un chat se vend 20 fr, un corbeau, 5 fr. Le pain, base de l'alimentation, est rationné à partir du 18 janvier. Les classes populaires sont, évidemment, les plus touchées par cette conjoncture, s'enfonçant d'autant plus dans la misère, que les activités économiques sont bloquées. Le taux de mortalité double en quelques mois, notamment en raison des affections pulmonaires dues au froid et à la malnutrition.

      Les Parisiens ressentent leur sacrifice vain. Ils ne pardonnent pas ces souffrances inutiles.

     Les membres du gouvernement préparent les élections de l'Assemblée Nationale qu'ils veulent organiser le plus rapidement possible. Thiers, le futur bourreau de la Commune, qui a déjà montré qui il était, pendant la révolte des Canuts se prépare en coulisse.

      Mais avant d'en venir aux derniers événements qui conduisent à l'insurrection du 18 mars, nous allons examiner 3 structures, au travers desquels les parisiens prennent leur destinée en main durant le siège hivernal.

 




FG
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