La
Révolution de février 1848
La révolution de 1848 va jaillir d'une
crise
économique
sans précédent. Une
mauvaise récolte en 1846 met à mal le secteur
agricole. Le prix du blé
et donc du pain augmente. Une maladie de la pomme de terre se
juxtapose. Il s'ensuit d'une période de disette touchant les
classes
les plus pauvres. La crise agricole se combine avec une crise sur le
crédit. Les banques ne peuvent absorber les besoins d'une
économie qui
ne cesse de se développer. Le secteur industriel se trouve
touché à son
tour,
entraînant le chômage pour les ouvriers et des
faillites pour les
petits artisans et les petits commerçants.
Les paysans se rebellent dans les campagnes. Des
manifestations ouvrières éclatent, un peu
partout,
durant
l'année 1847.
Dans le même temps, des ministres du Gouvernements
sont
impliqués dans différents scandales.
Depuis 1835, les
rassemblements publics sont interdits et les associations sont
étroitement surveillées. Les opposants
profitent des
enterrements
civils, des fêtes et organisent des banquets pour se
réunir. Une
campagne des banquets,
organisée
par les partisans d'une réforme électorale, se
déroule
dans toutes les villes de France en
1847. Elle tourne en de véritables meetings politiques. Des
républicains s'y joignent, revendiquant le suffrage
universel.
L'interdiction d'un banquet, qui doit se tenir le 22
février
1848 à
Paris va être l'élément
déclencheur du soulèvement. Le pouvoir, mais
aussi, son
opposition vont être débordés par le
peuple.
Ce jour là, des Etudiants se
retrouvent au
Panthéon pour dénoncer la
suppression d'un
cours. Ils rejoignent les Ouvriers au
quartier de la
Madeleine, lieu où devait se tenir le fameux Banquet.
L'occupation
militaire de Paris est décrétée par le
roi. Les premiers affrontements
commencent et la situation va s'envenimer.
Le 23 février, la Garde Nationale s'associe aux
ouvriers, les
protégeant contre les forces armées.
Louis Philippe, réalisant alors que son 1
er
ministre, Guizot, est très impopulaire, tente de sauver les
meubles, en
le remplaçant. Mais un incident, quartier des Capucines,
tourne au
tragique, l'armée tire et on compte 50 tués.
Cette
fois ci, les dés sont jetés. Les
insurgés
répandent
la nouvelle. Les armuries sont
dévalisées. On monte
des barricades,
on en compte 1500.
Les ouvriers, les étudiants et la petite bourgeoisie sont
unis dans
l'insurrection.
Le 24 février, le Roi, refusant un bain
de sang,
abdique en
faveur de son petit-fils de 9 ans. Il prend le chemin de l'exil et
confie la régence à la duchesse
d'Orléans. Elle échoue dans sa
tentative à perpétuer la dynastie
Orléaniste, qui conviendrait bien à
une certaine bourgeoisie. Cette fois-ci les révolutionnaires
ne
comptent pas se faire spolier. Ils imposent la fin de la monarchie.
Barricade
de la rue
Soufflot (Horace Vernet,
février 1848)
Le
Gouvernement provisoire
Un Gouvernement provisoire est formé avec des
membres venant
des
différentes factions
qui ont renversé la
monarchie. La classe ouvrière, pourtant largement
impliquée
dans les événements, reste
sous-représentée avec seulement 3
partisans de la réforme sociale. De plus c'est en
envahissant
l'assemblée où les députés
se sont réunis et concoctent déjà leur
petite cuisine, que les insurgés réussissent
à les imposer.
Parmi eux, il y'a un certain
Louis
Blanc,
journaliste militant pour, la cause ouvrière. Il pense
qu'une
alternative
socialiste dans l'économie doit accompagner la
réforme politique pour
l'avènement de la république. Il
préconise de favoriser la
complémentarité
plutôt que la
concurrence et d'aller vers une répartition plus
équitable, pour que
chacun puisse jouir, un tant soit peu, de sa vie. L'état
doit
s'assugétir à
cette tâche, mais dans un sens démocratique et non
autoritaire. Plutôt
que l'affrontement de classes, il propose la
négociation. Il
a un
projet d'
Ateliers Sociaux, une organisation
du travail fondée, entre autres, sur l'association et
l'autogestion
(bien
que le terme n'existe pas encore

), qui doit être
impulsée par
l'état.
Sous la pression ouvrière,
le
Gouvernement
provisoire met en place les
Ateliers Nationaux, mais leur
fonctionnement est
militaire et relève bien plus de la
charité chrétienne que de
la libre association. Louis Blanc réclame un
ministère du
travail. Il doit se contenter d'une commission,
La Commission du Luxembourg,
chargée de réfléchir sur
l'organisation du travail, dont il se voit
confier la
présidence. Ces mesures sont prises non sans
arrières pensées

.
Parmi les mesures prises par le Gouvernement Provisoire, on
peut citer l'abolition de la peine
de mort puis de l'esclavage, l'instauration de la liberté
de presse et du
suffrage
universel masculin. La garde nationale est ouverte
à tous les
citoyens. Enfin, en s'appuyant sur la pression des classes populaires,
Louis blanc obtient, à l'arrachée, la
baisse d'une heure de la journée de travail, qui passe
à 10 heures à
Paris et 11 en province.
En
réalité, l'objectif des nouveaux tenants du
pouvoir n'est pas tant
l'aboutissement d'une république que celui de la
libéralistion totale
du marché, au profit des classes gérant la
finance, l'industrie et le
commerce

. Des élections sont
prévues
pour avril et vont tomber à point pour éradiquer
les revendications
ouvrières en liguant contre elles les ruraux et les petits
commerçants.
La
Deuxième République
Les
élections de l'assemblée ont lieu le 23 avril.
Elles donnent une très
large
victoire
aux républicains modérés
(bien souvent des monarchistes camouflés). Dans les
campagnes, les
paysans ont voté massivement pour les notables locaux. La
république est proclamée
solennellement le 4 mai. Une
commission exécutive, formée de 5 membres est
élue par les députés.
Cette fois-ci, elle ne comporte plus aucun représentant
ouvrier. Tout espoir d'une république sociale part en
fumée.
Le 15 mai, des chefs socialistes, dont
Blanqui,
sont arrêtés à la suite d'une
manifestation. Le 16, la Commission
du Luxembourg est supprimée. Le 21 juin, la
fermeture des
ateliers
nationaux provoque une nouvelle
insurrection populaire.
Les combats
de rues font rage dans Paris durant quelques
jours. La
révolte, une fois de plus, est écrasée
dans le sang. Il faut éradiquer
toute vélléité socialiste. Il s'ensuit
d'une politique
qui revient sur des acquis de la
révolution. La journée de travail repasse
à 12 heures.
Une nouvelle constitution est
promulguée le 4 novembre 1848. Le pouvoir
exécutif revient à un
président qui nomme ses ministres et le pouvoir
législatif aux
députés. Les 2 corps sont élus au
suffrage universel masculin.
Le 10 décembre,
Louis Napoléon
Bonaparte, neveu de Napoléon 1
er,
devient président de la république. Les
clubs politiques
sont interdits le 29 mars 1849. Une nouvelle assemblée est
élue en mai.
Le Parti de l'Ordre, d'obédience royaliste, dont Adolf
Thiers fait
partie et qui avait soutenu la candidature de Bonaparte aux
présidentielles, remporte la majorité des
sièges. En
1950, la loi
Falloux replace l'enseignement sous le
contrôle de
l'église. Par crainte du socialisme, qui pourrait arriver
légalement au pouvoir, les
députés restreignent le suffrage
universel, excluant une partie des classes populaires du droit de vote.
Enfin les
libertés
de presse et de réunion, sont à nouveau
limitées.
Face à cette assemblée très
conservatrice,
Napoléon se
pose comme le défenseur du suffrage universel, du peuple et
de la
république. Il désire briguer un second mandat,
mais la constitution le
lui
interdit et les députés s'opposent à
une de révision qui pourrait le
lui permettre. Il fait, en conséquence, un Coup d'Etat
le 2 décembre 1851. Il dissout l'assemblée
nationale. Les
républicains tentent de faire soulever le
peuple, sans grand
succès. Les ouvriers ne veulent pas se battre pour une
république qui
les a
massacrés lors des journées
de juin 48. Des
foyers
de résistances
se forment, malgré tout, à Paris et en province,
surtout dans le sud
est. Ils sont
rapidement matés. On compte plus de 25 000 arrestations.
La nouvelle constitution est ratifiée
par référendum. L'année suivante,
Bonaparte utilise, à nouveau la voie
du plébiscite pour que l'Empire se substitue
à la République.
Journées
de juin 1848
Le
Second Empire
Louis Napoléon Bonaparte devient
Napoléon III,
empereur des français le 02
décembre 1852. La constitution est calquée
sur celle du Premier Empire. Les pouvoirs sont concentrés
dans les
mains du chef de l'état. Pour une certaine partie de la
bourgeoisie, le
nouveau régime est un rempart nécessaire au
socialisme émergeant. Les journées de juin 48 ont
marqué
les esprits.
Napoléon III, qui arrive avec le
slogan
rassurant,
«
L'Empire
c'est la paix »,
va pourtant engager le pays dans 3 guerres européennes
(contre la
Russie, l'Autriche et la Prusse), mais aussi mener des interventions
militaires au delà du continent (au Mexique...) et une
politique
d'expansion coloniale (en Algérie, Indochine ...).
Sous le
Second Empire, les affaires et le gouvernement se mélangent.
Selon
Napoléon III, le progrès social viendra de la
prospérité économique.
Cependant si certaines grandes familles de la bourgeoisie
bâtissent des
empires industriels et financiers colossaux, la condition sociale du
monde du travail est, quant-à elle, déplorable.
Le Germinal d'Emile
Zola en est un témoignage.
La première décennie est
définie comme celle de
l'Empire autoritaire.
Suite aux révoltes contre le coup
d'état, des milliers
d'opposants sont déportés en Algérie
ou à Cayenne, des anciens députés
républicains sont proscrits. C'est le cas d'un certain
Victor Hugo.
Si le suffrage universel masculin
est rétabli, le jeu électoral est
faussé par un système de candidats
officiels, rendant la représentation d'une opposition quasi
impossible. De toute façon le parlement reste
très limité dans
son
action. Les fonctionnaires et les membres des assemblées
doivent prêter
serment de fidélité à l'empereur. La
liberté de presse est quasiment
supprimée. Les
réunions et les associations sont interdites. En 1854 une
loi est votée
pour réinstaurer le livret ouvrier, qui avait
été mis en place sous
le Premier Empire. Il permet de contrôler
l'activité et le déplacement
des travailleurs.
La seconde décennie est
définie comme
celle de l'Empire libéral.
Le
15 août 1859,
l'empereur promulgue une amnistie générale pour
les proscrits.
Victor Hugo refuse de revenir,
«
Quand la liberté rentrera, je
rentrerai ».
La presse et les assemblées se voient conférer
plus d'espace de
liberté. Des
députés
républicains réapparaîssent. Leur
représentation va aller en se multipliant. Sur sa
fin, le
régime devient parlementaire.
Napoléon III, se veut être un empereur
social. Les
travailleurs
vont bénéficier de
quelques avancées. En 1864, une loi leur accorde le
droit de
grève,
mais sous certaines conditions. Elle supprime aussi le délit
de
coalition, mais
le droit de réunion n'est toléré que 4
ans plus tard

. A partir de
1867,
ils peuvent créer des coopératives et
l'année suivante, des Caisses
d'assurances décès et accidents du
travail. En 1869, le livret
ouvrier est supprimé.
L'Empire perd peu à peu de son aura. La
campagne désâstreuse au Mexique, se solde par un
échec et isole la
France. L' opposition républicaine libérale,
dominée par Thiers et
Favre, gagne du terrain. A gauche, les radicaux anti
cléricaux et les
socialistes reviennent aussi en force. De
nombreuses grèves éclatent dans les
dernières années du régime. Elles
sont souvent
sévèrement réprimées par
les troupes.
La guerre,
mal préparée, contre la Prusse de
Bismarck, qui débute en
juillet
1870, sonne le glas du régime. En moins de 2 mois,
l'empereur doit
capituler à Sedan. Il est fait prisonnier. C'est la fin de
l'Empire.
Les députés forment un gouvernement provisoire,
qui proclame la
république. La guerre continue jusqu'à la
défaite totale. L'armistice est signé le 28
janvier 1871. Cette
capitulation est inacceptable pour le peuple parisien, l'insurrection
de la Commune éclate moins de 2 mois plus tard.
Nous
allons voir maintenant plus précisément pourquoi
et comment la Commune
va germer dans l'Empire et surtout à sa fin.