En 1969, avec son
premier album, On Time, Grand Funk envoie une décharge d’adrénaline,
qui n’a d’égal que celles de MC5 ou des Stooges (lequel fut le premier,
je ne sais pas). Le Rock y est réduit à sa plus
simple
expression, basse, batterie, guitare/chant. Le succès est immédiat et
colossal. En décembre 70, quand, le double album live, 4
e opus et
probablement le joyau du groupe, est dans les bacs, Grand funk a déjà
vendu plus de 6 millions de disques. Les tournées, qui ont suivies, se
sont avérées triomphales. Ils sont devenus, un véritable phénomène
social aux States. La presse spécialisée, ne comprenant pas l’ampleur
d’un tel engouement se déchaîne contre eux. Un journaliste, à la sortie
de leur second disque,
écrit
« Et
dire qu’ils ne sont que 3 pour faire tout ce
bordel !! ». En France, le son de
cloche sera le même. Je me souviens avoir lu un
compte-rendu, dans Best, un magazine rock, d’un concert du Funk à
Paris. L’auteur en
parlait comme quelque chose de totalement insupportable et doutait des
capacités auditives d’un public enthousiaste, dont il pensait, qu’il ne
savait pas faire la différence entre bruit et musique. Les termes ne
sont pas exacts, mais c’était à peu près l’idée. Il est vrai que les
Grand Funk, lors de leurs prestations ont une sono qui bat tout les
records de puissance, à cette époque.
Grand Funk est de suite catalogué
comme un groupe de Heavy Metal.
Je
ne connais que le Live Album, et je ne peux donc parler du style de
Grand Funk qu’à travers celui-ci. Cependant, il offre, je pense, une
bonne représentation de ce qu'était le groupe à
cette époque.
Des effets fuzz, wah wah et d’échos sur une
guitare saturée, une basse bourdonnante, omniprésente et un batteur,
qui tape comme un fou, en utilisant beaucoup ses cymbales,
nous
font, assurément, voyager dans un véritable déluge de son. Quant-au
chant, si on n’ a pas à faire à une voix exceptionnelle, celle-ci est,
aussi, souvent poussée jusque dans ses limites. On est
dans l’rouge à tout les niveaux avec Grand Funk même si des passages
plus calmes viennent tempérer, de temps à autres, la furie.
Á mon avis, il y a
déjà l'essence
« Over the
top » de Motorhead, dans cette volonté
de jouer
le plus fort possible et dans l'importance de cette basse, limite
saturée qui enveloppe l’espace et
assure une grande part rythmique.
Malgré tout, Grand
Funk se distingue des productions du Five ou des Stooges. Le groupe est
plutôt dans un esprit hippy et Peace and Love. Dans leur musique, au
delà du vacarme qu'ils produisent, il s'en dégage, aussi un
effet
planant et psychédélique. On part dans de grandes envolées, à travers
de longs morceaux, certes, aux structures simples, mais on passe par
des atmosphères différentes où les chorus de
guitare se superposent. On a même droit à de l’harmonica.
Pour moi, cet album reste un chef
d'oeuvre. Il possède un caractère unique et représente en même
temps un témoignage de l'esprit d'une époque. Il conserve,
encore aujourd'hui, toute sa
puissance dévastatrice.
Grand
Funk aura une discographie très impressionnante. Quand ils arrêtent en
1976, on compte 14 disques, dont 2 lives et une compilation.
Leur
musique évolue au fur et à mesure vers des sentiers moins
sauvages.
En 1972, un nouveau membre, aux claviers, les rejoint. En fin
de parcours leur musique s‘est aseptisée et le groupe a perdu toute
son ampleur
sociale.
Grand funk
reste somme toute un des fondements du
concept Heavy Metal, dans son sens le plus pur, une
musique qui vous écrase, même
si celui-ci prendra toute sa mesure d’une façon bien différente est
assez éloignée de l’âme Peace and Love que le groupe véhiculait.
GRAND
FUNK RAILROAD : Mark Farner :
guitare/chant
Mel Schacher : basse
Don
Brewer : batterie
Craig Frost : claviers (1972-76)
Dennis
Bellinger : basse (1981-83)

Petite
biographie de Grand Funk
Á Flint, petite ville industrielle du Michigan, Terry
Knight,
animateur d’une émission de rock dans une radio, fonde un groupe,
Terry Knight and the Pack, en 1964. On trouve à ses
côtés, un certain Mark Farner et un dénommé Don Brewer. Ils tournent à
travers le Michigan, mais ne sortent pas de l’anonymat. L’aventure
s’arrête en 1967.
Mark, à la guitare et au chant, et Don,
à la batterie, continuent ensemble. Début 68, ils font écouter des
bandes qu’ils ont réalisées à Terry. Celui-ci est tellement
impressionné par leur musique, qu’il accepte de devenir leur manager.
Il ne sera pas pour rien dans l’immense popularité de Grand Funk,
s’avérant un excellent promoteur pour la gestion de leur image.
En janvier 69, le bassiste, Mel Schacher, qui officiait, alors,
dans
Question Mark & the Mysterians. un combo de Flint, les rejoint.
Ils
signent un contrat avec Capitol et leur premier album, On Time, est sur
le marché à la mi-juin. En juillet, Grand Funk se produit devant 180
000 personnes à l’Atlanta Pop Festival, avec une sono qui parvient à un
seuil de décibels, alors encore jamais atteint.
Dès
lors, c’est l’irrésistible ascension. En fin d’année, quand leur second
LP est dans les bacs, On time s’approche des 2 millions
d’exemplaires
vendus. Si le public est enthousiaste, ce n’est pas le cas de la presse
musicale qui, on l’a vu, va s’acharner à les descendre. Un troisième
album, Closer to home, sort la deuxième quinzaine de juin. Pour la
p’tite histoire, dans un but promotionnel, Terry Knight loue,
pour la
bagatelle de 100 000 $, un espace publicitaire de 800 m
2 dans le
quartier de Time Square à New york. On y voit les visages des 3 membres
de Grand Funk, sur une affiche de 20 mètres de haut. Pendant ce temps,
le groupe est reparti dans une tournée, toujours plus triomphale,
ponctuée par un nouveau passage à l’Atlanta Pop Festival, à l’occasion
duquel, ils enregistrent le fabuleux Live Album, qui sort sans
retouches, en décembre.
En 1972, Grand Funk se sépare de Terry Knight.
Pour le 7
e album studio, We’re an American Band, le groupe embauche un
nouveau membre, Graig Frost pour tenir les claviers, qui ont déjà fait
leur apparition sur le précédent disque Phoenix. Grand Funk,
décrit
jusqu’alors comme le groupe le plus puissant du monde, a commencé à
adoucir son Rock, s’orientant, d’après ce que j’ai pu lire, vers des
sentiers plus Rythm’n Blues.
Un autre live, Caught in the
act, sort en 1975. Les ventes baissent et l’album Born to die, annonce,
en 1976, la fin de l’aventure. Le contrat avec Capitol se clôt et Grand
Funk se retrouve sans maison de disque. Le groupe revient pourtant,
dans un dernier baroud d’honneur, cette même année. Il met sur le
marché son 12
e album studio, Good singin’, good playin’, pour lequel
ils se sont offert les services de Frank Zappa. Ils se séparent,
comptabilisant 25 millions de disques vendus. Farner entame une
carrière solo tandis que Brewer et Schacher continuent ensemble avec un
nouveau groupe, Flint.
Grand Funk renaît en 1980, sans
Frost et sans Schacher, remplacé par Dennis Bellinger. 2 albums voient
le jour sans grand succès.
Le groupe réapparaît en 1996, dans sa formation initiale plus un nouvel
organiste et entame une tournée 14 dates.
En 1997, ils donnent 3 concerts avec un orchestre symphonique. Un
double live, Bosnia, en résulte. Les bénéfices des shows et du disque
sont reversés à la Bosnie.
En 1999, Farner quitte
définitivement Grand Funk, pour reprendre sa carrière solo. Brewer et
Schacher, eux poursuivent l’histoire. Entourés de nouveaux membres ils
font une trentaine de concerts par an.
4
albums
de Grand Funk
Á la même époque, de l'autre
côté de l'atlantique, émerge, l'hydre à 3 têtes anglaise, Led Zeppelin,
Deep Purple et Black Sabbath, reconnue comme celle par qui tout a
vraiment commencé.
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