Á Détroit, en cette fin des années 60, emmenés par
un certain Iggy Pop, 4 givrés, The Stooges sèment le chaos. Non comme
les Five, qui se revendiquent d’une certaine idéologie politique, ils
sont plutôt dans une une démarche désillusionnée et nihiliste.
Ils font
voler en éclats les vieux rêves du Flower Power hippy et préfigurent,
avec quelques années d’avance, le No Future Punk. Lors de
leurs
concerts,
orgies bruitistes, Iggy
insulte le public, se jette dans la foule (invente-t’il le
Stage diving ?), se met à poil sur
scène et va parfois jusqu’à
s’auto mutiler. Ils prennent drogues et alcools
sans modération. Point de recherche mystique ou psychédélique dans
cette attitude, on est plutôt dans un processus d’auto
destruction. D’ailleurs ils privilégient l’héroine et Iggy va
rapidement en devenir accro. Le groupe ne survivra pas longtemps à ces
excès.
C'est en
1969, la même année que le Kick out the
jams du Five, que sort leur premier album,The
Stooges. Si il s'avère, pour l’époque, on ne peut plus
dévastateur, c’est avec le second, Fun House, considéré comme leur
chef d'œuvre, qu’ils
enfoncent définitivement le clou. C'est alors l’album le
plus violent jamais enregistré dans l’histoire du Rock, si ce n’est le
Kick out the Jams des Five, mais ce dernier fut réalisé en
public. En comparant
1969,
issu du
premier opus et
1970,
du
second, construits sur le même thème, on se rend compte à quel point,
le groupe a su rendre toute sa puissance en studio, cette fois ci.
Iggy ne chante pas, il vocifère. Les guitares sont sursaturées. Un
saxophone fou vient en rajouter un peu plus dans la démesure. Il n’est
pas question de technique, juste des bases simples
pour aller à l’essentiel, l’énergie brute. L'album se termine
sur
L.A.
Blues un morceau, cacophonique et déstructuré. Tout comme
Kick out The
Jams des Five, je pense que cet album n'a pas pris une
ride.
La suite pour les Stooges, c’est le début de la fin. Le groupe se
dissout puis se reforme, sous le nom
d’Iggy and the Stooges en 72 et accouche d’un nouvel album, Raw Power.
David Bowie assure la production. Celle-ci sera l’objet de nombreuses
critiques. On reprochera au chanteur anglais, d’avoir fait perdre sa
substance au groupe. Le son est assez crado, il est vrai, mais je
trouve, que ce disque reste, encore une fois, très agressif.
Iggy and the Stooges terminent leur carrière avec
un disque live au nom éponyme de Metallic KO. Il ne sortira que 2 ans
après son enregistrement. Je ne connais pas ce disque, mais, de ce que
j’ai pu en entendre dire, il est totalement chaotique.
Ils jouent devant un public de Bikers hostiles, on entend même les
canettes fuser, donnant à ce disque un caractère unique. Ce fut
d’ailleurs leur dernier concert.
Les
Stooges sont, plus couramment, présentés comme des pionniers du
Punk, que du Heavy Metal. Les
rythmiques et la voix d’Iggy relèvent, en effet, plus de ce
genre. Le titre Troops
of tomorrow des Exploited, célèbre
combo keupon, n'est il pas construit sur le même thème qu’I wanna be
your dog ? L’attitude des Stooges, leurs textes, courts,
incisifs, des
titres comme No
fun ou Search
and destroy
reflètent, également, plus un esprit punk que Metal. Les
Sex Pistols,
par ailleurs, se revendiqueront de l’héritage Stooges.
Cela étant dit,
Il ne paraît pas inadéquat de les voir, aussi,
comme des
précurseurs du Heavy Metal. En effet, à cette
époque, on commence à
peine à parler de Hard Rock
ou de Heavy Metal et le concept Punk n'existe pas encore. Les
Stooges font donc, avant tout, partie d’une mouvance tirant le
rock
vers
ses sentiers les plus extrêmes. De plus, les 2 genres
s’inter-influenceront. On peut noter également chez les
Stooges, que place est
faîte à des chorus de guitares et que
certaines rythmiques sonnent parfois plus Hard que punk. Un
morceau comme TV
eyes me semble osciller entre les 2. L’album Raw
power ne me paraît pas, non plus, avoir des
frontières si clairement définies. Enfin, certains groupes de Heavy
mentionneront les Stooges comme une référence, ou tout au moins
reprendront certains de leurs morceaux. On peut donc, légitimement, les
citer comme des défricheurs du genre.
THE
STOOGES:
Iggy Pop : chant
(1967-1974,
2003- )
Ron Asheton : guitare puis basse
(1967-1974,
2002- )
Scott Asheton : batterie
(1967-1974, 2002- )
Dave
Alexander : basse
(1967-1970)
Steve Mackay : saxophone
(1970, 2003- )
James
Williamson : guitare
(1971, 1972-1974)
Bill
Cheatham : guitare
(1970-1971)
Zeke Zetner : basse
(1970-1971)
Jimmy
Recca : basse (1970)
Bob Sheff : clavier (1973)
Scott
Thurston : clavier, guitare
(1973-1974)
Petite
biographie des Stooges
En
1967, James Osterberg, alias Iggy Pop, forme un groupe avec 2 allumés
notoires, les frères Asheton, Ron et Scott, respectivement
guitariste et batteur, et un dénommé Dave Alexander à la basse. Ils
débutent sous le nom de the Psychedelic Stooges avant d’opter tout
simplement pour The Stooges. Ils tournent à Ann Harbor et à Détroit où ils
acquièrent rapidement une certaine notoriété, délivrant des
prestations sauvages et chaotiques. Ils obtiennent ensuite un contrat
avec Elektra, le même label que MC5, pour qui ils réalisent les
albums, The Stooges en 1969, et Fun
House en 1970 avec un nouveau membre au saxophone,
Steve Mackay.
L'année suivante, ils sont virés de
leur maison disque, à cause de leur comportement incontrôlable et des
médiocres ventes. La postérité des Stooges ne se fera que plus tard.
Ils sont certainement un peu en avance sur leur temps. On est encore,
à cette époque, en pleine rêverie psychédélique. D’autre part, le
groupe commence, sérieusement à être miné par les excès de défonce,
Iggy est accro à l'héro. Les concerts s'en
ressentent. Dave se fait éjecter du groupe, en raison de son
alcoolisme. Ayant engagé James Williamson, un guitariste, en
remplacement, Ron prend la basse.
En 1972, Iggy
rencontre David Bowie qui remet les Stooges en selle. Il leur obtient
un contrat avec Columbia et s’occupe du mixage de leur nouvel opus, Raw
Power, dans les bacs en 1973. C’est encore un échec commercial.
Les
Stooges sombrent alors, à nouveau, dans leurs abus et le groupe arrête
les frais en 1974. Ils enregistrent, comme une ultime provocation ce
fameux concert qu’ils donnent devant une bande de bikers hostiles.
Insultes, jet de canettes et bastons sont au programme. Il ne sortira
qu’ en 1976, sous le titre de Metallic KO.
Les
frères Asheton joueront dans diverses formations (New Order), Iggy
connaîtra le succès que l’on sait.
En 2003, Iggy
renoue avec les frères Asheton pour l’enregistrement de son album,
Skull Ring. Steve Mackay les rejoint et ensemble ils décident
de reformer les Stooges, puis partent en tournée à travers le monde.
En 2007, un nouveau disque des Stooges est sur le marché, Weirdness.
Pour l’anecdote, cette même année, ils furent sur la grande scène à la
fête de l’huma.
Les Stooges sont
rentrés, sans nul doute, dans le panthéon du Rock.
Les albums
des Stooges
Dans l'état du Michigan, MC5
et les Stooges ne sont pas les seuls à
faire parler la poudre. Dans une petite ville industrielle, Flint, où
l'on
s'ennuie, émerge un autre groupe, qui s'apprête à mettre une grande
claque à l'Amérique, Grand Funk Railroad.
Á
suivre ...

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